« J’espère qu’on n’est pas dans une impasse, je ne vois pas comment on pourrait l’être, la transition est en marche » : pour autant, Bruno Léchevin espère que la loi attendue sera « une loi majeure de ce quinquennat », qu’elle donnera « un signal fort ». Car, ne nous y trompons pas : « il ne faut pas tout attendre de la loi » et celle-ci ne pourra pas fonctionner « si elle est désincarnée ». Autrement dit, elle doit « s’incarner dans le mouvement » qui est déjà en marche, créer « les moyens d’une accélération pour que tous les acteurs amplifient leur action », « mettre dans le dur » l’ambition portée par les scénarios de l’Agence et reprise à son compte par François Hollande lors de la dernière conférence environnementale de réduire la consommation d’énergie de 50 % d’ici à 2050.
Il faut créer un nouveau modèle énergétique, « changer de paradigme ». Le président de l’Ademe pense l'objectif « atteignable, pas parce qu’il y a une loi, mais parce qu’il y a un mouvement ». et se félicite de l’« obsession sympathique » de Ségolène Royal de vouloir créer « toutes les semaines des événements qui montrent que la transition est en marche ».
La transition énergétique : source d'opportunités
Le texte attendu ne doit pas être envisagé comme l’instauration de nouvelles rigidités, de nouvelles normes mais comme la porte ouverte à des incitations. « La transition énergétique ne doit pas inquiéter, elle nous propose un futur différent, meilleur, une croissance plus sobre. Mais elle ne nous amène pas à une régression de confort ». Mieux, « on doit pouvoir gagner de l’argent dans la transition énergétique et c’est très bien. Sinon, cela ne fonctionnera pas ».
Plus il développe son propos et plus Bruno Léchevin se montre offensif, s’élevant contre « tous les conservatismes qui nous font reculer, tous les angélismes qui nous mettent en fragilité ». Jusqu’à s’exclamer : « y en a marre qu’on soit dans l’incapacité de ne pas dépasser les chapelles pour construire des cathédrales qui fassent sens ». Assez de « pleurnicheries » : quand l’intérêt général rencontre l’intérêt social, économique et environnemental, il n’y a plus à hésiter. Bien sûr, le texte n’est pas encore prêt et l’on peut s’en inquiéter, à l’image de cette crainte exprimée dans la salle que, « pour des raisons d’urgence », la loi parte « en coupons détachables dans d’autres lois ». « Devant le mur, on ne va pas pouvoir impunément reculer », dit Bruno Léchevin, espérant un texte dans l’intérêt général et « pas une compromission d’additions d’intérêts particuliers ». Mais il se dit « plutôt optimiste » : le président de la République a fixé un cap : « il faut y aller ».
"L'Ademe n'est pas à vendre"
C’est à l’Ademe, dont il est le président depuis peu - il a été nommé en février 2013 -, qu’il réserve une autre de ses formules chocs. Interrogé par le président du Comité 21, Gilles Berhault, sur une accélération de la décentralisation qui pourrait donner à certains l’envie de mettre la main sur les directions régionales de l’Agence - comme il en avait été question au début 2012 -, Bruno Léchevin monte au créneau, jugeant « dramatique » une telle éventualité. L’Ademe est un « modèle unique, avec une expertise nationale qui se décline beaucoup régionalement ». Il ne faut pas « casser ce modèle ». Et de lancer : « l’Ademe n’est ni à acheter, ni à vendre, ni globalement, ni par appartements ». À bon entendeur… Autre sujet : la coopération avec l’Allemagne. L’Agence française est en train de travailler avec sa « presque » homologue allemande, la DNA, sur un accord de coopération. Et Bruno Léchevin se prend à rêver que, dans le cadre des Appels à manifestation d’intérêts (AMI), les deux organismes « aient des choses en commun ».