Le souci d'éviter les fissures dans les étages supérieurs a guidé la maîtrise d'oeuvre de la réhabilitation du rez-de-chaussée de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Colmar, un bâtiment classé construit en 1927. L'agrandissement d'une mezzanine circulaire dédiée à l'accueil des visiteurs et le souci d'offrir plus de transparence à la vitrine supposaient l'abattage de murs porteurs. Des poteaux métalliques prenant appui sur le sous-sol permettront d'éviter l'effondrement du bâtiment.
Pour la pose de la nouvelle structure porteuse, une première étude avait porté sur la mise en place de poutrelles métalliques soutenues par des étais. Cette solution imposait de casser les murs avant la pose des poutres : les chocs induits par cette opération risquaient de provoquer des désordres dans les étages supérieurs, toujours occupés pendant les travaux. D'où l'engagement de nouvelles études visant à une transition douce entre l'ancien et le nouveau système porteur. Les poutres métalliques, dotées de raidisseurs soudés sur place, glissent à travers un orifice creusé dans le mur. Elles se calent ensuite sur les corbeaux fixés sur les nouveaux poteaux. La démolition du mur n'intervient qu'après cette phase préparatoire.
Peu gourmande en main d'oeuvre, mais grosse consommatrice de matière première avec un poids total de 23 tonnes pour les nouvelles structures, cette solution s'est révélée économiquement neutre : « Certes, nous avons utilisé davantage d'acier, mais nous avons évité les reprises de dalle et les étais spéciaux, sur des hauteurs de 4,60 m, requis par la première solution envisagée », explique l'architecte Mathieu Lapérelle. L'acheminement des nouveaux éléments porteurs a constitué l'une des phases les plus délicates, compte tenu de l'encombrement et du poids des profils HEB (acier E.36.2 résistant à une pression de 3 600 bar), chargés de reprendre en moyenne 28 tonnes/ml et dont les longueurs atteignaient jusqu'à 7 mètres. « Avant de les transporter dans des véhicules Fenwick, il a fallu renforcer le sol pour préparer le passage à l'aide de platelages en bois », ajoute Mathieu Lapérelle. Armindo Joachim, titulaire du gros oeuvre, a même du déposer provisoirement un morceau du mur classé en brique.
La nouvelle structure porteuse ne se contente pas de soutenir le bâtiment : les caissons de placoplâtre qui la dissimulent abritent les gaines des fluides transportés à partir du sous-sol vers les étages. « Cette solution, reproductible d'un niveau à l'autre, facilitera les travaux du second oeuvre, dans l'hypothèse de nouvelles tranches de réhabilitation », commente Mathieu Lapérelle.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : CCI de Colmar et du centre-Alsace.
Maître d'oeuvre : Laperrelle et Koscielski.
Gros oeuvre : Armindo Joachim.
Calendrier : 1er septembre 1997 - 30 novembre 1998.
Montant des travaux : 7 millions TTC.
Des profils HEB, jusqu'à 7 m de longueur, ont été chargés de reprendre en moyenne 28 t/ml.