Un marché tourné vers l’économie d’énergie
Le panorama du marché change, les chaudières basse température et à condensation remplacent le parc des chaudières traditionnelles (plus de 3,5 millions d’unités installées avant 1980) tandis que les pompes à chaleur modernisent le chauffage électrique en attendant l’arrivée de la pile à combustible. Selon le GFCC (Groupement de fabricants de matériels de chauffage central), il y a eu une baisse de 2,6 % entre 2003 et 2004 pour les chaudières au sol (245 500 ventes en 2004 et 252 000 en 2003). En revanche, le marché des chaudières murales gaz progresse de 5,6 % passant à 516 000 unités en 2004 contre 489 000 en 2003. Les chaudières à condensation murales et au sol gaz connaissent un franc succès : 33 000 en 2004 ( 75 %) et les prévisions 2005 tablent sur des ventes entre 65 000 et 70 000 pièces. La surface de capteurs solaires installés est passée de 6 350 m2 en 2000 à 55 340 m2 en 2004 et à 100 000 m2 en 2005 (progression proche de 100 %). Le marché des chauffe-eau solaires en 2004 a progressé de plus de 40 % avec 8 000 pièces et devrait s’établir à 15 000 pièces en 2005 ( 85 %). L’Ademe estime d’ailleurs que ce dynamisme s’est renforcé grâce au crédit d’impôt de 40 %. D’après l’agence, plus de 10 000 chauffe-eau solaires et plus de 700 systèmes solaires combinés (avec planchers chauffants) auraient été installés en 2005. L’Association française pour les pompes à chaleur (Afpac) annonce 21 000 PACS (pompes à chaleur) installées en 2005 contre 17 300 en 2004, dont 60 % de pompes à chaleur géothermiques et 40 % air/eau. Il s’est vendu 10 000 chaudières bois en 2004 et 15 000 en 2005 (voir tableaux pages 24-25).
Réductions fiscales
L’objectif est de promouvoir les produits ayant les meilleures performances énergétiques. Pour les habitations principales achevées depuis plus de deux ans, le taux était, selon la loi de finances 2005, de 15 % pour les chaudières à basse température individuelles et collectives et 25 % pour les chaudières à condensation. Sur le coût des équipements de production d’énergie utilisant une source d’énergie renouvelable pour les habitations principales neuves ou anciennes, le taux qui passait de 15 à 40 % (loi de finances 2005), passe maintenant à 50 % (loi de finances 2006). Les chaudières à condensation devraient bénéficier selon le GFCC d’une réduction de 40 % pour la nouvelle loi de finances. Le crédit d’impôt s’applique à l’habitation principale et est accordé sur présentation d’une facture de l’entreprise ayant réalisé les travaux ou d’une attestation fournie par le vendeur ou le constructeur du logement neuf. Si la personne a bénéficié d’une autre aide publique pour l’achat des équipements et des matériaux (conseil régional, conseil général, Anah…), le calcul se fera sur le coût de l’équipement, déductions faites des aides perçues. Dans tous les cas, le coût de la main-d’œuvre n’est pas pris en compte. Le calcul est égal à 15 %, 25 %, 40 % ou 50 % du montant des dépenses retenues dans la limite d’un plafond qui s’applique globalement à l’ensemble des dépenses effectuées du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2009 (voir tableau ci-dessous). Nul doute que ces réductions fiscales sont très incitatives pour le consommateur, et ont stimulé les ventes. Cependant, Eric Tavernier, chef produits chauffage chez Brossette, se pose la question que beaucoup ont en tête : « Ce que nous ne savons pas aujourd’hui, c’est le jour où s’arrêteront ces compensations fiscales. Que va-t-il alors se passer ? Est-ce que les gens vont continuer à acheter ces produits ? Je pense, malgré tout, qu’aujourd’hui le particulier a pris conscience qu’il y avait un problème avec l’environnement et qu’il existait maintenant des produits moins polluants, économes en énergie et plus écologiques. »
Le bon plan soleil
Le Plan Soleil, créé en 2000, a élargi les conditions d’un marché du solaire thermique dynamique et pérenne avec le développement d’une filière professionnelle performante (industriels et installateurs du réseau Qualisol) s’appuyant sur des produits adaptés aux besoins des bâtiments et de leurs occupants. Avant la réduction d’impôt, dès 2004, le marché de chauffe-eau solaire individuel (CESI) connaissait une croissance de 50 % et il a quasiment atteint les 100 % en 2005. Il faut ajouter le marché des systèmes solaires combinés (SSC). Ces produits supposent que les particuliers disposent d’un plancher chauffant et s’appliquent essentiellement à l’habitat neuf. Comme pour les chauffe-eau solaires, les SSC connaissent un regain d’intérêt. Les perspectives du solaire devraient rester au beau fixe, comme nous le précise Michel Carré, ingénieur au département bâtiment et urbanisme de l’Ademe. « Les fabricants de chauffe-eau solaires nous disent : “On ne peut plus rencontrer un maître d’ouvrage sans qu’il ne parle d’énergies renouvelables. Les particuliers quand ils nous contactent, ne nous demandent plus comme autrefois, le temps de retour sur investissement d’un chauffe-eau solaire. Ils appellent pour connaître l’économie d’énergie qu’ils feront en préservant l’environnement”. Si le coût de l’énergie reste élevé, il peut y avoir un impact sur l’urbanisme. On peut imaginer qu’une nouvelle réglementation thermique demandera d’avoir un chauffe-eau solaire en maison individuelle neuve. »
Focus sur les ENR (énergies renouvelables)
Très favorisées fiscalement depuis le 1er janvier 2005 et jusqu’à la fin 2009, les ENR respectent l’environnement et ne datent pas d’hier. Voilà près d’une trentaine d’années qu’elles se sont développées dans notre pays. A cette époque, la qualité d’équipement et de mise en place n’était pas au rendez-vous et un certain nombre de contre-références ont entraîné des mauvaises réputations aussi bien au solaire, qu’au chauffage au bois ou aux pompes à chaleur (malgré le programme Perche, lancé par EDF au début des années 1980 qui voulait promouvoir la géothermie). Aujourd’hui, les ENR sont quasiment toutes encadrées par des chartes de qualité : Qualisol pour le solaire, Flamme verte et la future charte Qualibois pour la biomasse et bientôt Qualipac pour les PACS. De plus, l’offre du secteur a élargi ses gammes et les appareils sont plus aboutis techniquement. Avec la hausse du prix du pétrole (et du fioul) et celle du gaz, les ENR sont une alternative énergétique quasiment gratuite (sauf pour le bois) une fois que les équipements sont amortis.
Contrôler les PACS
La progression soutenue de leurs ventes depuis la dernière décennie, qui est passée de 30 % à 50 %, a hissé la France au second rang des marchés (en volume) des pompes à chaleur dans l’Union européenne après la Suède.
Philippe Laplaige, ingénieur spécialiste de la géothermie à l’Ademe, prédit « à terme, le marché français va potentiellement dépasser celui de la Suède qui est un petit pays de 9 millions d’habitants. Avec les professionnels et l’Ademe, nous allons instaurer une charte de qualité Qualipac pour les installateurs courant 2006. Nous voulons limiter cette charte à un certain nombre d’installateurs, suffisant mais pas trop important. Si elle est accessible à tout le monde, cela n’a plus grand sens ».
Au bois de chauffe
Avec 15 millions d’hectares et 27 % de la superficie en extension, la filière bois représente aujourd’hui en France, plus de 9 millions de tonnes d’énergie pétroles économisées chaque année, soit plus de 6 % de la consommation française d’énergie.« Ce système de chauffage apporte trois bénéfices : il diminue la facture énergétique, les émissions de CO2 dans l’environnement et favorise l’emploi local dans la filière bois », assure Christophe Barel, ingénieur bois énergie de l’Ademe. Le marché des chaudières bois en 2004 a représenté au total 10 000 pièces (15 000 en 2005) avec des segments porteurs comme les appareils automatiques à plaquettes ( 23 %) et automatiques à polycombustibles ou granulés ( 50 %). Les chaudières automatiques à granulés commencent à émerger depuis deux ans. Cette énergie est plébiscitée, car elle propose un combustible homogène avec une humidité très basse.
La condensation avantageuse
Malgré leur prix élevé, les chaudières à condensation commencent à sortir de la confidentialité. La preuve par les chiffres : une augmentation des ventes de 75 % en 2004 avec 33 000 chaudières gaz murales et au sol à condensation vendues, et en 2005 des estimations de marché à près de 70 000 pièces avec un taux de progression compris entre 75 et 80 %. Le tout favorisé par un crédit d’impôt en 2006 qui devrait être de 40 %. Pourquoi cet intérêt ? Les avantages d’une chaudière à condensation sont doubles. Elle permet d’une part, de faire une économie d’énergie de 15 à 30 % par rapport à une chaudière traditionnelle et d’autre part, de réduire nettement les émissions de gaz à effet de serre. Pas étonnant que fabricants et distributeurs voient dans la chaudière à condensation la remplaçante de la chaudière traditionnelle. C’est ce que constate Thierry Nille, directeur des marques et produits chez De Dietrich Thermique : « Le marché des chaudières classiques est en train de muter vers le haut rendement et surtout vers la condensation. C’est très vrai pour le gaz aujourd’hui et ça va l’être demain pour le fioul ».
Chaud et froid
Les systèmes réversibles diffusant de la chaleur l’hiver et apportant un rafraîchissement en été, font partie des sources d’énergie qui commencent à sortir de leurs niches pour se démocratiser en trouvant leur place dans les gammes des fabricants et les linéaires des négoces. « La climatisation simple s’est mal vendue en 2004, ce qui n’a pas été le cas pour la climatisation réversible. Un secteur auquel nous croyons », annonce François Petit, responsable de la société Equinoxe et adhérent du groupement Gapsa. Le plancher chauffant par eau basse température, constitué d’un réseau de tubes en matériaux de synthèse dans lequel circule de l’eau, noyé dans une dalle flottante, est également un système réversible. Compatible en chauffage avec toutes les énergies (gaz naturel, électricité, propane, fioul, énergies douces), grâce à cette technique hydraulique, on est loin des anciens planchers chauffants trop chauds, source d’inconfort pour les jambes et de maux de tête.
Prospectives
Les énergies renouvelables vont continuer à se développer car elles sont notamment soutenues par des crédits d’impôts jusqu’en 2009. Le prix moyen des appareils va baisser, car il y aura plus d’offre et plus de compétitivité. C’est une tendance lourde car dans l’avenir, le prix des énergies fossiles fioul et gaz ne va pas diminuer. Nous serons dans la problématique où il faudra faire toujours plus d’économies d’énergie avec des systèmes performants qui utilisent au maximum les énergies renouvelables. Apparaîtra alors sur le marché la microcogénération : un générateur associé à un moteur qui pourra produire demain 50 % de la consommation électrique de votre maison avec bien sûr le chauffage et de l’eau chaude sanitaire. Le développement de la microcogénération en France est lié à juillet 2007, date à laquelle GDF et EDF n’auront plus le monopole de l’énergie pour le particulier avec l’ouverture des marchés à la concurrence. On pourra ainsi acheter de l’énergie, la stocker ou la revendre. A plus long terme, dans dix à douze ans, la pile à combustible apportera une nouvelle solution aux sources d’énergie. Elle fonctionnera comme une pile électrique en transformant, par un procédé électrochimique, le gaz naturel et l’oxygène en électricité et en chaleur. Cette conversion produira beaucoup moins de CO2 qu’une combustion traditionnelle et le rendement électrique sera nettement supérieur à celui des systèmes conventionnels.
Montant des crédits d’impôt | Avant le 1er janvier 2005 | Après le 1er janvier 2005 | Aprèsle 1er janvier 2006 |
Chaudièresà condensation | 15 % | 25 % | 40 % |
Equipements de production d’énergie utilisant une source d’énergie renouvelable | 15 % | 40 % | 50 % |