Taxe carbone et Grenelle : le gaz en guerre contre l'électricité

Lors du Congrès du gaz à Lyon, l'AFG (Association Française du Gaz) a rappelé son souhait que la production d'électricité soit aussi soumise à la taxe carbone et s'est défendue de proposer des solutions adaptées aux objectifs du Grenelle.

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Contre la position du président français, l'Association Française du Gaz espère toujours que l'électricité tombe sous le coup de cette taxe. "L'exclusion de l'électricité est un très mauvais signal", a déclaré François Varagne, président de l'AFG. L'AFG compte donc sur le débat parlementaire pour voir ses positions revenir dans la course (elle rejette également toute exemption de secteur d'activité). Du pain sur la planche pour Hervé Malherbe, le successeur de François Varagne, désigné hier.

Toujours sur ces questions environnementales, la nouvelle réglementation thermique des bâtiments de 2012 mobilisera également les experts de l'association. Là aussi, celle-ci veut éviter des modulations trop larges entre les énergies en terme de consommation. L'électricité est toujours la cible.

Grenelle-compatible ?

Une fois ces préambules énoncés, le Congrès s'est focalisé lors de sa première matinée sur « le passage à l'acte » du Grenelle de l'environnement pour reprendre les propos de Matthieu Orphelin, directeur de cabinet à l'Ademe. Et si pour 2013, date d'application de la nouvelle réglementation thermique des bâtiments, le gaz reste convaincu de pouvoir rester dans la course, en revanche pour l'étape 2020 qui doit voir la généralisation du bâtiment à énergie positive, les choses ne sont pas encore gagnées.

En ouverture du premier atelier du Congrès intitulé sans ambiguïté « Le gaz est "Grenelle-compatible" », Catherine Foulonneau, de la délégation stratégie de GrDF, a expliqué que le gaz « apporte des réponses aux quatre thématiques du Grenelle : maîtrise de l'énergie ; transports ; aménagement du territoire ; et gestion des déchets ». Dans le secteur de la construction de bâtiment neuf, faire du BBC (bâtiment à basse consommation, soit 50 kWh/m2/an à partir du 1er janvier 2013) avec du gaz ne pose pas de problèmes techniques, est venu expliquer Bruno Rousseau de la direction générale d'immobilière Rhône-Alpes du groupe 3F. Depuis 2007, les constructions neuves de ce spécialiste du logement social collectif dont 96 % du parc utilisent du gaz, montent en gamme énergétique. En 2012, elles seront toutes BBC (au sens de la réglementation thermique de 2005). Il conviendra toutefois de surveiller le surcoût de ces bâtiments qui est estimé entre 15 et 20 %.

Concernant le bâtiment existant dont l'objectif est une consommation de 150 kWh/m2/an, il n'est pas question d'intervenir sur le mode de chauffage. L'optimisation énergétique se fera par l'isolation et la régulation. Pour être efficace, les actions  devront être encadrées par un contrat de garantie de résultats, insiste Bruno Rousseau, et ce afin d'associer l'ensemble des prestataires, et surtout l'exploitant, aux gains obtenus.

L'étape de 2020 sera plus délicate à négocier pour le gaz. La molécule a certes des atouts mais la technique n'est pas encore complètement au point. Pour parvenir au bâtiment neuf à énergie positive, il faudra avoir recours à des chaudières basse puissance (on commence à en voir), aux égo-générateurs (de la cogénération unitaire rebaptisée) ou encore à des pompes à chaleur à absorption (déjà utilisées dans le tertiaire). Cela ne semble pas hors de portée, sauf à préciser que les solutions électriques, elles, existent déjà. Il ne faut donc pas prendre de retard. Pour l'instant, il n'y a pas de solution standard type qui émerge pour construire ce type de bâtiment. Et il serait faux de prétendre qu'une seule énergie puisse rafler la mise. On fera du « sur mesure et non plus du prêt-à-porter », a ainsi résumé Catherine Foulonneau.

Pour le secteur des transports, l'aménagement du territoire et la gestion des déchets, la botte secrète du gaz est le biogaz/biométhane. Ce dernier est un biogaz purifié que l'on peut également injecter dans le réseau gazier. Lille devrait faire une première injection en fin d'année ou début d'année prochaine. Bien qu'il n'y ait pas d'obligation d'un taux d'injection de biométhane dans les réseaux (alors que l'Allemagne l'impose), l'objectif est en train d'être sérieusement augmenté. Initialement prévu à hauteur de 3 TWh en 2020, l'injection devrait être de 9 à 12 TWh, selon C. Foulonneau. Certes, cela ne représentera que de l'ordre de 3 à 4 % de la consommation gazière annuelle, mais le biométhane deviendra alors le complément "vert" du gaz naturel ou encore « une énergie renouvelable d'avenir ». Reste encore à savoir si la ressource (la biomasse) sera au rendez-vous et à mettre au point les procédés techniques.

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