Structure : un parking devient un lieu de vie à part entière

Au cœur du quartier parisien du Marais, un ancien parking en R + 5 des années 1930 s'apprête à abriter ses premiers humains après avoir accueilli jusqu'à 350 voitures. Le promoteur Immobel, qui a racheté l'ouvrage de 5 000 m² en 2019, a confié aux architectes de Savoir-Fair le soin de le transformer en bureaux et logements.

Le bâtiment en béton brut étant caché au fond d'une cour d'immeuble, « le premier objectif était d'apporter de la lumière naturelle », introduit Vera Matovic, présidente de l'agence. D'où le choix d'ouvrir un patio central de 8,40 m par 7,60 m, apportant un éclairage en premier jour jusqu'aux niveaux inférieurs. Une fois cette question résolue, les maîtres d'œuvre ont choisi d'installer l'ensemble des logements côté rue et d'organiser les nouveaux espaces de bureaux en fond de parcelle.

Au préalable, le site devait être dépollué : les peintures présentes dans le dôme en toiture contenaient du plomb et de l'amiante, et d'anciennes cuves d'hydrocarbures (déjà dégazées et ensablées en 2019) ont été extraites en début de chantier. Les opérations de curage et de désamiantage pouvaient alors démarrer. Ce n'est qu'une fois ces étapes achevées, respectivement en novembre 2022 et août 2023, que les grandes manœuvres ont commencé.

Vérifier l'état des planchers

La préoccupation concernait alors l'état des planchers, en béton et épais de 11 à 15 cm. Les charges admissibles en tertiaire atteignent en effet 350 kg/m², contre 250 kg/m² pour un parking. Des campagnes de sondages devaient donc contrôler l'état et la solidité des armatures comme des enrobages. D'autant plus qu'à l'époque de la construction, les aciers étaient lisses et offraient moins d'adhérence et de cohésion que ceux des bétons armés actuels. « Les sondages ont mis en évidence une portance suffisante des planchers pour autoriser le changement d'usage à condition de renforcer les poutres », indique Jean-Baptiste Gualini, directeur d'exploitation chez Dumez Ile-de-France, en charge des travaux. Certaines, longues de 13 m, risquaient de prendre trop de flèche sous le poids des plateaux. Afin de mieux répartir leurs charges sur les linéaires de poutres, 42 poteaux intermédiaires en acier ont été ajoutés sur l'ensemble du site, à mi-travée. Ils prennent appui sur les nouvelles fondations, profondes de 14 m et réalisées en sous-œuvre.

Une fois la consolidation assurée, les deux anciennes rampes d'accès pouvaient être déposées : une première, située dans la partie dédiée aux logements, a été remplacée par des planchers. La seconde, en fond de parcelle, a été démolie tout en gardant la trémie pour y placer escaliers et cages d'ascenseur. Ces éléments ont été réalisés en béton brut fini, c'est-à-dire sans traitement ni revêtement, « ce qui nécessite des coffrages en excellent état et parfaitement alignés car nous n'avions le droit à aucune reprise ultérieure », précise Jean-Baptiste Gualini.

Finitions en béton brut

Dans les bureaux, les concepteurs ont conservé l'aspect brut, évitant ainsi la pose de faux plafonds et laissant donc apparents les gaines de ventilation, les câbles, etc. Un choix qui a permis de maintenir une hauteur minimale de 2,40 m dans la plupart des étages. Afin d'assurer le confort acoustique, un flocage en ouate de cellulose classée A1 en réaction au feu a été appliqué sous les dalles, permettant dans le même temps de traiter les quelques planchers dont l'enrobage était insuffisant pour respecter les règles de résistance au feu.

Enfin, les flux ont été traités de façon minimaliste afin d'apporter le moins de matériaux possible. Auparavant, l'évacuation des déblais a mobilisé des bennes dont le volume n'excédait pas les 10 m3 , pour environ 2 000 m3 à évacuer. « Sans grue ni zone de stockage, la logistique était menée à flux tendu », complète Vera Matovic. La livraison interviendra en ce mois de mai.