Structure textile Un chapiteau conçu pour durer accueille les arts du cirque

Problème Concevoir un chapiteau de cirque qui réponde aux exigences de l’architecture pérenne, notamment en termes de résistance aux événements climatiques. Solution Exploiter les poten­tialités formelles et techniques d’une architecture textile tendue dotée d’une toile PVC précontrainte en fil polyester tissé.

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Le « Dragon Volant » est le surnom du nouveau chapiteau du Centre national des arts du cirque de Rosny-sous-Bois (Val-de-Marne). Il est aussi le troisième à être construit à cet endroit ! Les deux précédentes structures se sont, elles, envolées pour de bon sous l’effet des tempêtes, dont celle de décembre 1999. Ce dragon que signent les architectes Patrick Bouchain et Loïc Julienne est donc conçu pour rester au sol ! Et bien qu’il emprunte à l’image de l’architecture éphémère du chapiteau de toile, il a paradoxalement été conçu de la même manière qu’un bâtiment « en dur ». Il répond, en particulier, aux exigences « neige, pluie et vent » des constructions pérennes et non à celles des structures légères pour le spectacle.

Un vaisseau à 7 mâts.

Ce gigantesque bâtiment de toile tient compte des complexités du programme. Soucieux de l’inscrire dans la tradition de la tente de cirque et du grand chapiteau unique, les architectes ont dessiné une structure à sept mâts de forme allongée (73 m de long sur 45 m dans sa plus grande largeur). Son volume dissymétrique crée trois zones différenciées en hauteur. La partie la plus basse, de couleur blanche, abrite une première piste dédiée aux exercices. En transition, la partie centrale, jaune, offre une seconde piste d’entraînement bordée de « cabanes » (salles de cours, cafétéria, vestiaires, sanitaires, etc.), les seuls ouvrages maçonnés de l’édifice. Enfin, la partie la plus haute et la plus large du chapiteau, de couleur noire, abrite la piste principale de 13 m de diamètre.

L’enveloppe du Dragon Volant s’élève ainsi progressivement d’un bout à l’autre de l’édifice pour culminer à 17 m, à l’aplomb de la piste principale. Pour réaliser ce chapiteau à la morphologie inhabituelle, le bureau d’études Asteo a modélisé et testé par simulation la résistance au vent de la toile. En fonction de ces critères, une toile PVC précontrainte de chez Ferrari, en fil polyester tissé, a été retenue. Elle garantit à la fois une excellente résistance à la rupture et un pourcentage d’allongement très réduit. Un choix crucial pour préserver la juste tension de ce chapiteau en doubles courbures inverses, où le moindre allongement devient synonyme de plis disgracieux.

Cinq jours de montageau sol.

Deux cent cinquante éléments, précédemment dimensionnés par le BET, ont été découpés puis assemblés par soudure à haute fréquence par l’entreprise de confection (Cannobio). Au final, quatre morceaux ont été livrés sur chantier. Une fois le plan tracé au sol, les mâts érigés et scellés au béton, la première étape du montage consiste à assembler les quatre quartiers du chapiteau. Ils sont pour cela étalés au sol puis, au lieu du laçage traditionnel à la corde, boulonnés entre eux à grand renfort de platines métalliques, de vis et d’écrous. La toile est ensuite fixée à des couronnes métalliques qui viendront elles-mêmes s’accrocher en haut des mâts. L’opération au sol a duré cinq jours.

A l’aide de treuils manuels, ces couronnes sont ensuite hissées par les monteurs au sommet des mâts, entraînant avec elles la toile qui leur est assujettie. Cette étape – spectaculaire – dure à peine trois heures. Le chapiteau est désormais en place.

La troisième étape, la plus longue, consiste en un méticuleux réglage sur huit jours afin de peaufiner la forme de l’ensemble. Les monteurs tirent sur les élingues jusqu’à retrouver exactement les courbures précalculées. D’ultimes ajustements auront encore lieu pendant plusieurs jours pour laisser le chapiteau travailler. Sa fixation au sol sera assurée par des câbles inox prolongés de pièces métalliques solidement ancrées à 6 m de profondeur en moyenne, en raison de la nature du terrain (une ancienne carrière de gypse).

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