«Le sepula mycelium et l’ascomycète sont dévastateurs pour le bois », déplore Pascal Boucher, directeur de l’entreprise AMCT. Ces champignons provoquent en effet des dégâts considérables dans les immeubles à pans de bois. Xylophages et lignivores, ils mangent la cellulose, réduisant quasi à néant les éléments structurels. La rénovation de façade en cours boulevard Bonne-Nouvelle à Paris en est une illustration. L’immeuble R 6 est élevé sur un socle en maçonnerie de briques en rez-de-chaussée, ce qui évite les remontées par capillarité. Les ossatures sont montées à hauteur d’étage. Le remplissage des pans est constitué de chaux et de plâtre.
La restauration a été réalisée par un procédé utilisant une résine époxy (procédé Epobois de Spie Batignolles Technologies). Cette méthode permet de conserver la cohérence de la structure existante et d’intervenir de façon ponctuelle en réparant les dommages. « Pour ce type de chantier, nous avons établi une méthodologie spécifique », explique l’entrepreneur. La rénovation commence toujours par le haut. Une fois le diagnostic établi, l’escalier est entièrement étayé, les opérateurs intervenant en site occupé. Le dernier niveau est déliaisonné des étages inférieurs puis les cormiers, les poteaux d’angle, sur lesquels viennent s’ancrer les lisses horizontales, sont renforcés. Toutes les lisses et solives sont purgées par « bûchage » et brossage. Selon les cas de figure, les pièces sont ensuite soit remplacées par du chêne certifié français (traité en bains fongicide et insecticide), soit réparées. Des fers HA 25, assemblés par des étriers, sont intégrés aux pans de bois. Le nombre de fers varie d’un à huit selon la section des pièces à restaurer. Une résine de scellement (RE 500) assure la liaison des étriers au bois. La résine époxy vient recouvrir l’ensemble pour restituer les lisses dans leur volume initial. De même densité que le bois (0,80), le matériau est tyxotrope : il ne coule pas, se travaille à la spatule et est ensuite lissé. Son coefficient de collage élevé permet une résistance optimum de l’assemblage.
Un remplissage en matériau allégé pour ne pas charger la structure vient reconstituer les parties abîmées. Pour éviter toute fissuration par phénomène de retrait, à la jointure avec l’ossature bois, un treillis métallique de type Nergalto est posé entre le bois et le plâtre. Mais le maçon s’efforce de conserver autant que possible le remplissage existant. Enfin, la maçonnerie reçoit également un traitement fongicide et insecticide avant livraison.
