STRASBOURG : Maîtrise d'ouvrage des transports urbains : le modèle strasbourgeois

De la réalisation de leur première ligne (1989-1994) jusqu'aux deux dernières, inaugurées le 1er septembre 2000, les Strasbourgeois ont montré que le tramway, au-delà du transport, était aussi un remarquable outil d'aménagement urbain. A la clé de cette démarche modèle pour les autres villes, une maîtrise d'ouvrage qui assume pleinement son rôle d'initiative et de contrôle.

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Mis en service le 1er septembre 2000, après un chantier de 1,6 milliard de francs, les 12,2 kilomètres des lignes B et C du tramway de Strasbourg ont permis d'affiner une méthode de conception et de mise en oeuvre spécifique à la capitale alsacienne. Ce modèle strasbourgeois repose sur trois piliers : la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) cumule les compétences d'autorité organisatrice de transport et de maître d'ouvrage des voiries ; reconduit par cette collectivité à chaque étape de l'extension du réseau, un groupement de maîtrise d'oeuvre coordonne la conception et l'exécution des travaux ; après sa désignation, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), maître d'ouvrage délégué, veille en permanence à préserver la compatibilité entre les projets et l'exploitabilité du réseau. « Strasbourg a fait le choix d'une maîtrise d'oeuvre unique et séparée de la collectivité, alors que d'autres agglomérations, comme Nantes, assument cette fonction en régie et coordonnent des maîtrises d'oeuvre externes concentrées sur des sujets particuliers. La double fonction du concessionnaire, à la fois exploitant et maître d'ouvrage, constitue une autre spécificité strasbourgeoise », analyse Alain Giesi, directeur du projet tramway à la CTS.

Dans ce jeu triangulaire, la principale évolution a concerné le statut de l'aménagement urbain dans la maîtrise d'oeuvre : le Groupement d'études du transport moderne de l'agglomération strasbourgeoise (Getas) avait conduit seul la conception et la réalisation de la ligne A, mise en service en 1994. Arrivé au cours de l'opération en tant que conseiller du maître d'ouvrage, le paysagiste Alfred Peter est apparu dans les lignes B et C comme copilote du groupement de maîtrise d'oeuvre, à côté du Getas. L'expertise technique croissante de la CTS a constitué une autre évolution importante : « Une maîtrise d'oeuvre externe ne nous paraît plus indispensable dans des domaines industriels, où nous attendons plus d'une prestation d'assistance à maîtrise d'ouvrage », explique Alain Giesi. Une troisième innovation importante résulte de la CUS : tous les acteurs reconnaissent aujourd'hui la nécessité d'une prise en compte plus précoce de cette dimension dans la conception et la réalisation des extensions futures.

Dans le périmètre de la communauté urbaine, ces extensions ne devraient pas bouleverser à court terme le modèle strasbourgeois : après la livraison des extensions de 3,7 kilomètres, prévues d'ici à 2004 et lancées en études dès la fin 2000, le maître d'ouvrage séparera les dossiers de désignation de la maîtrise d'oeuvre générale et de choix du concessionnaire, afin d'optimiser le calendrier de réalisation des extensions vers le Neuhof et Ostwald. Le vrai défi concerne la capacité de ce modèle à passer du périmètre de l'agglomération à celui de l'aire urbaine, et à s'accommoder de nouveaux maîtres d'ouvrage. La question se pose pour le tram-train, de Strasbourg à Molsheim, qui, outre la CUS et la CTS, intéresse la SNCF, RFF, le conseil régional et le conseil général. Le premier tramway sur pneu interurbain de France, en cours d'étude entre Strasbourg et Wasselonne, offrira une autre occasion d'ouvrir ce débat, sur un projet où les enjeux d'aménagement arrivent à égalité avec la fonction de transport : le tramway devra s'imposer sur une route nationale et rogner l'espace actuellement occupé par les voitures.

FICHE TECHNIQUE (p.132) :

Autorité organisatrice des transports-concédant : communauté urbaine de Strasbourg (CUS)

Maître d'ouvrage-concessionnaire : Compagnie des transports strasbourgeois (CTS)

Maître d'oeuvre général : Groupement d'études du transport moderne de l'agglomération strasbourgeoise (Getas)-Peter

Financement : CUS, Etat, conseil général du Bas-Rhin, conseil régional d'Alsace

Coût : 1 625 millions de francs hors taxes (valeur novembre 1995)

Longueur : 12,2 kilomètres desservant 108 000 habitants dans un corridor de 400 mètres

Durée : novembre 1995-septembre 2000

PHOTOS :

L'aménagement est réalisé en même temps que la plate-forme (avant et après travaux, l'avenue de la paix et le boulevard de la victoire).

Le terminal intermodal nord de hoenheim, oeuvre de Zaha Hadid. Le tramway s'articule avec d'autres types de transport : routier, ferroviaire, cyclable.

La réalisation de ce bâtiment représente une prouesse technique, une dalle de béton de 2 200 mètres carrés a été coulée d'un seul tenant.

TRACE : le tramway à Strasbourg

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