L’objectif politique d’une demi-voiture par logement donne au quartier du Danube le statut de manifeste français de l’écomobilité urbaine. Avant même le choix du maître d’œuvre annoncé pour la mi-décembre, la conduite du projet a donné à l’équipe municipale l’occasion de roder son approche de la coproduction de la ville avec les citoyens. Dans le cadre de la rédaction du plan local d’urbanisme, un atelier projet a planché en 2009 sur le quartier de 650 logements, dont 50 % d’habitat social, encadré par la route du Rhin au sud, et par les bassins portuaires au nord. Une partie des habitants et associations issus de l’atelier approfondissent leur contribution dans la phase pré-opérationnelle : ils représentent l’expertise d’usage, au sein du comité technique chargé d’évaluer les trois équipes de maîtrise d’œuvre retenues par la Société d’équipement de la région de Strasbourg (Sers), dans le cadre d’un dialogue compétitif. L’assiduité et la motivation des participants stupéfient Eric Fullenwarth, directeur général de la Sers : « Pendant des séances qui durent de 8 h à 17 h le samedi, je n’ai vu personne bailler ». Pendant ces marathons intellectuels, le comité d’action deux roues (Cadr), l’association des usagers des transports de l’agglomération strasbourgeoise (Astus) et Aut’otrement veillent au grain de l’écomobilité.
Du technique au social
Trois dessins et trois équipes très différents se soumettent aux jugements des usagers, des experts et des élus, parfois frustrés par l’interdiction du mixage : de l’expérience marocaine de Bernard Reichen, ils attendent des idées pour adapter les exigences environnementales à des ressources financières limitées ; l’aura de Christian Devillers, lauréat 2009 du concours des Ecoquartiers, pèsera d’autant plus que la référence grenobloise porte aussi sur l’écomobilité, avec un plafond de 0,8 voiture par logement ; enfin, l’équipe néerlando-helvétique de KCAP bénéficie du retour de 10 ans d’expérience sur le quartier GWL d’Amsterdam, soit 600 logements dans une ancienne friche industrielle (comme le Danube) et sans aucun parking… « Ce qui, à l’usage, pose le problème de la qualité des abords des silos à voiture, à l’extérieur du périmètre, mais aussi de la persistance des déplacements individuels en automobile, pour les trajets domicile travail », note Alain Chiesa, chef du projet Danube à la Sers.
L’aménageur attend le choix du maître d’œuvre pour arbitrer trois consultations d’assistance à maîtrise d’ouvrage, étroitement imbriquées, et portant sur la mobilité, la concertation et l’environnement. Le recours au dialogue compétitif et l’importance de l’ingénierie extérieure révèlent le caractère innovant et expérimental du projet urbain, dans une phase de maturation du développement durable ainsi définie par Alain Chiesa : « Nous sommes entrés dans l’environnemental par la voie technique, à travers la gestion de l’eau et de l’énergie. Les objectifs d’éco-mobilité affichés pour le Danube nous apprennent à y ajouter la dimension sociale ».