Au sud de Stockholm, une ancienne zone industrialo-portuaire fait depuis une quinzaine d’années l’objet d’une spectaculaire reconversion urbaine pour répondre à la croissance démographique de la capitale sans entraîner son étalement. A l’origine, elle s’inscrivait dans la candidature de Stockholm à l’organisation des Jeux olympiques 2004. L’idée était de transformer le village des athlètes en quartier mixte regroupant plus de 10 000 logements et attirant autant d’emplois. L’échec de la candidature suédoise n’a pas freiné ce projet urbain, le plus important du pays. La dépollution des 200 hectares de friches autour du lac Hammarby, espace tampon entre la réserve naturelle de Nacka et le centre-ville, a ainsi débuté en 1994. Dès son lancement, le quartier d’Hammarsby Sjöstad a visé l’excellence écologique. Par une mixité de fonctions, un bâti dense implanté en peigne sur le lac, une présence discrète de l’automobile, mais aussi par l’application d’Eco-cycle, un modèle urbain complexe cherchant à optimiser l’autonomie des villes sur trois points : énergie, eau et déchets. Plus précisément, Hammarby Sjöstad avait pour objectif de réduire de moitié ses rejets et ses déchets par rapport au reste de Stockholm, en jouant sur plusieurs tableaux à la fois : écoconstruction, réduction des déblais-remblais, développement et diversification des transports en commun, plafonnement du bruit, traitement sur site et réutilisation des eaux pluviales et usées… Sur ce point, le fonctionnement hydraulique du quartier fait aujourd’hui figure de référence. De nombreux bâtiments sont équipés de toitures végétalisées ralentissant et filtrant les eaux pluviales. Les volumes collectés sont acheminés vers des bassins enterrés assurant la décantation avant leur rejet dans le lac via une série de canaux aménagés à l’intérieur du quartier. Cette trame bleue est aussi mise à contribution pour acheminer les volumes d’eau issus des voiries et des espaces publics, où un modelé urbain alternant décaissés minéraux, rigoles et surfaces enherbées, ralentit les ruissellements. Selon son origine et le foncier disponible, soit l’eau s’infiltre, soit elle est dépolluée en surface par lits d’hélophytes, ou dans des bassins enterrés.
Traitées à l’intérieur du quartier, les eaux pluviales urbaines génèrent une série d’aménagements très qualitatifs. Lieux d’agrément, les canaux s’enfoncent dans le quartier, fixant une armature d’espaces publics piétons : jardins publics et cœurs d’îlots végétalisés, passerelles, jeux d’eau intégrés à une esplanade… Leur traitement est très varié, à l’instar des rives du lac, aménagées en quai minéral ou en ripisylve et chemin de halage. Autre visée d’Hammarby Sjöstad : ramener la consommation domestique d’eau potable à 100 l habitant et par jour, la moitié de la consommation observée en Suède au début des années 1990. La cible a été atteinte en intégrant au cahier des charges des bâtiments des améliorations simples comme l’obligation d’équiper les robinets de mitigeurs ou la réduction des capacités des chasses d’eau. Les eaux usées en provenance des logements et des bureaux sont enfin acheminées vers une station locale d’épuration, qui traite uniquement les écoulements du quartier. Leur décontamination assure en sortie une ressource réutilisable sur les terres agricoles, les boues d’épuration alimentant une unité de production de biogaz qui, couplée à l’incinération des déchets du quartier, couvrira à terme plus de 75 % des besoins de chauffage d’Hammarby Sjöstad.