Désireuse de se constituer un bunker informatique bien sécurisé, la société Bahnhof AB a investi le sous-sol de la capitale suédoise, à l'aplomb de Vita Berg Park. A trente mètres sous le niveau du sol, les salles sont disposées en étoile, dont la branche la plus longue sert de corridor d'accès. Avec une scénographie digne d'un film de science-fiction, l'architecte met en scène, dès l'entrée dans le site, les espaces techniques dont la tour de rafraîchissement ou le couple de moteur diesel qui assure, si besoin, l'autonomie en énergie. Entièrement apparentes, ces machines baignent dans une lumière bleue, alors que divers réseaux suspendus occupent la paroi rocheuse et le plafond en béton projeté. Ainsi, l'image d'un intérieur caverneux crée un fort contraste avec la mise en forme rationnelle des éléments technologiques. Laissée nue, la roche cède parfois la place à des murs végétalisés éclairés par des lampes dont la température de couleur est équivalente à la lumière naturelle. Cet investissement est le garant du développement des plantes. Ce traitement paroi domine la grande salle des techniciens. Le personnel peut donc avoir l'impression de travailler dans une serre. La toile blanche tendue en guise de plafond permet aussi de limiter toute sensation de pesanteur due à un séjour prolongé en sous-sol et pouvant avoir des conséquences psychologiques. Dans cette partie du projet, une mezzanine comprenant des blocs sanitaires est ménagée dans la hauteur disponible. L'ensemble est disposé à l'équerre du corridor principal. Alors que ce long couloir d'accès se déploie le long d'une rampe douce, la salle des serveurs se trouve encore en décaissé d'un bon mètre. Ce dénivelé renforce l'allégorie du thème de la caverne creusée dans les profondeurs de la terre. Quoiqu'entièrement vitré, un sas de sécurité interdit l'accès au cœur du bunker. Par contre, sur le côté droit, un escalier mène à une galerie vitrée qui pénètre dans cet espace central. Une salle suspendue offre alors une vision panoramique sur le « saint des saints » des lieux, déployé en quatre ailes. Le choix du mobilier de cette salle de réunion accentue les références cinématographiques. Albert France-Lanord cite explicitement le film de science-fiction Silent Running et les décors de Ken Adams pour les James Bond. La photographie du sol lunaire reproduite sur le plancher de cette rotonde vitrée ironise même avec la réalité du lieu « profondément terrestre. »
maître d'ouvrage : Bahnhof AB
maître d'œuvre : Albert France-Lanord


