Stocker l'eau en souterrain ou dans les espaces publics ?

Plutôt que d'augmenter les capacités des réseaux d'assainissement, solution coûteuse, les collectivités préfèrent multiplier les dispositifs locaux de stockage des eaux pluviales.

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Christian Piel, urbaniste hydrologue, agence Composante urbaine « Assainir en surface finance sans surcoût de nouveaux espaces publics »

Tout l'intérêt de la gestion en surface des eaux pluviales est de stocker les eaux de pluie au plus près de leur point de chute, de fonctionner ainsi sur des bassins versants les plus petits possibles, sur de très faibles hauteurs d'eau. Il est possible de mettre en œuvre ces techniques dans tous types de lieux : une cour d'école, un parking ou un parvis peuvent parfaitement recueillir les eaux de pluie, sans que leur fonctionnement en soit altéré. Cela suppose en revanche un travail très fin de nivellement des sols, de création de seuils pour que ces espaces publics s'adaptent à l'intensité des épisodes pluvieux, et qu'ils satisfassent aussi aux exigences d'accès techniques. Ces contraintes complexifient le travail de conception, mais le jeu en vaut la chandelle, puisque les investissements consentis pour des travaux d'assainissement financent sans surcoût les espaces publics, rendus inondables. Il faut aussi souligner que les dispositifs de stockage à ciel ouvert, dont l'entretien est beaucoup plus simple que celui d'ouvrages enterrés, apportent une réponse à de nombreux enjeux actuels : atténuer les effets d'îlots de chaleur, réguler le climat urbain ou encore répondre au besoin de nature en ville.

Bernard Chocat, directeur de l'unité de recherche génie civil hydrologie urbaine, Insa Lyon « Les dispositifs enterrés peuvent être intéressants dans les tissus urbains denses »

Il est très fréquent que les réseaux enterrés soient aux limites de leurs capacités de traitement des eaux pluviales. L'enjeu de la mise en œuvre de dispositifs tels que les chaussées réservoirs, les puits d'infiltration ou les bassins enterrés est de limiter les débits à l'aval, afin d'éviter les inondations urbaines. Ces aménagements sont particulièrement adaptés aux tissus denses des villes, lorsque le foncier disponible ne permet pas de réaliser en surface des décaissés recueillant l'eau de pluie. Ils évitent aussi d'engager des travaux lourds et coûteux d'augmentation des capacités des conduites enterrées.

Autre intérêt : les phénomènes de décantation et de filtration par le sol naturel limitent la présence de polluants non localisables dans les effluents. Par ailleurs, certains sols urbains, notamment argileux, souffrent d'une trop forte minéralisation en surface. Les dispositifs enterrés de stockage et d'infiltration des eaux de pluie favorisent leur réhumidification et la réalimentation de la nappe phréatique.

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que leur efficacité dépend d'un entretien régulier, pour devancer notamment les colmatages.

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