On peut désormais compter sur une nouvelle technique pour lutter contre la pollution de l'air : la photocatalyse. Celle-ci combine l'action des rayons UV sur un catalyseur à base de dioxyde de titane pour décomposer les matières organiques en CO et HO. La technique présente bien des avantages - elle détruit la majorité des polluants, elle est peu énergivore et le catalyseur ne se consomme pas - et le champ des applications est large : décontamination et purification de l'air, élimination des odeurs, autonettoyage des surfaces, purification et potabilisation de l'eau (avec des lampes UV, mais un programme de l'Ecole des Mines de Nantes étudie le traitement par la lumière du jour d'une eau peu polluée).
Un marché à développer
Pourtant, si des industriels comme Biowind (réacteurs photocatalytiques brevetés), Saint-Gobain Quartz (feutre de silice catalytique pour filtrer l'air ambiant), Ciments Calcia (enduit de chaux et ciment pour façade réduisant de 30 % les NOx et COV) ou Fluidyn (logiciel de simulation de la dispersion atmosphérique des polluants) proposent des solutions, on n'assiste pas à une véritable industrialisation du procédé, comme c'est le cas au Japon. Le marché reste donc à construire. « Il faut démontrer le réel besoin d'une technique qui ne remplace rien d'existant et dont la propriété a été combattue car elle provoquait le farinage des peintures », explique Alain Mathurin, président de la Fédération française de photocatalyse.
Il faut aussi admettre que les applications intérieures consomment de l'énergie (mais les nouveaux photocatalyseurs réagissent bien aux lampes à économie d'énergie) et que la technique est classée dans le groupe 2B des cancérogènes (peut être cancérogène), même si aucun effet néfaste sur la santé n'a été trouvé. Reste également à mettre en place une normalisation qui définisse un protocole de mesure des performances (une norme expérimentale de l'Afnor est reprise par le CEN et va l'être par l'ISO) pour développer des labels de qualité et convaincre les donneurs d'ordres.
Nuisances olfactives
Nouvelle technique qui s'inscrit dans une démarche de développement durable, la photocatalyse rencontre un intérêt croissant. Tel celui de la commune touristique de Sainte-Maxime (Var) pour supprimer les nuisances olfactives de sa station d'épuration. Elle a retenu la solution proposée par la société Icare Industries de couvrir les biofiltres des zones de mélange et de fermentation des boues par des filtres photocatalytiques et d'installer un bâtiment anti-odeurs pour traiter la phase de maturation. Une structure légère de 20 m x 20 m en toile translucide abrite des filtres à charbon actif qui, associés à des filtres photocatalytiques, captent et détruisent les molécules polluantes. L'entreprise annonce un taux d'abattement de 95 % des unités d'odeurs et une absence de nuisance dans un rayon de 50 m du site, pour un bâtiment équivalent en Isère.
Retrouvez un dossier complet "L'environnement soigné par les biotechnologies" dans "Le Moniteur" du 27 novembre.
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