Ça ne pouvait pas durer ! Après des progressions fulgurantes au redémarrage, le marché français a connu une moindre croissance pour 2007 et 2008, respectivement de 15 %, puis de 20 %. En 2008, en France métropolitaine, 313 000 m² ont été installés : 42 000 CESI et 5 800 SSC. Les systèmes d'eau chaude solaire collectifs enregistrent quant à eux une croissance forte, avec 57 000 m² installés. Le marché des DOM-COM est estimé à 75 000 m² de capteurs installés, ce qui amène le marché global annuel pour 2008 à 388 000 m² installés. Le baromètre solaire thermique EurObserv'er ajoute des précisions : sur les 388 000 m² installés, 372 000 étaient des capteurs plans vitrés et 16 000 des capteurs sous vide. En outre, on peut ajouter 6 000 m² de capteurs souples non vitrés, essentiellement utilisés pour le chauffage des piscines.
Si les capteurs plans mènent de loin, c'est parce qu'il s'agit non seulement de la technologie la mieux maîtrisée, mais aussi la moins chère. Pierre Daras, gérant de Sungeoget, importateur, va plus loin dans l'analyse. « Le capteur plan a été le premier développé, indique-t-il. Les industriels ont investi dans ce produit il y a 30 ans et ont redémarré leur activité sur cette base. Parallèlement, les tubes sous vide ont fait l'objet de brevets, que les fabricants Chinois ont rachetés il y a 30 ans. Aujourd'hui, ils en produisent en masse. Mais le marché français reste frileux : c'est bien connu, les produits chinois ont mauvaise réputation ! » En l'occurrence, cela semble injustifié. Les Chinois ont une vraie longueur d'avance technologique. Pour preuve, les produits que Sungeoget fait fabriquer en Chine (capteurs SER, SLU et DS) ont tous les avis techniques et les certifications CSTBat requis.
Rationaliser le marché
D'une façon générale, les industriels ont plutôt ressenti une moindre croissance en 2008. Et l'année 2009 sera une année plus difficile encore, notamment en raison de la déferlante photovoltaïque qui semble faire de l'ombre au thermique. « Avec les tarifs d'achat attractifs et les stratégies de vente quelque peu agressives, les dépenses que les particuliers sont prêts à octroyer au solaire ont plutôt tendance à se porter sur le photovoltaïque, indique Denis Dhenin, responsable communication de Frisquet. Il s'agit pourtant davantage d'un investissement financier. »
Mais à moyen et long terme, la confiance est de mise. La croissance devrait notamment venir du collectif, grâce aux engagements de l'Etat de rénover 800 000 logements. Preuve que le marché n'est pas encore tout à fait « autoporteur »
D'autant que le retard industriel s'est fait longtemps sentir. « On a dû prouver qu'on était capable en France de fabriquer du solaire et qu'une vraie filière allait pouvoir se structurer, se souvient André Jean, fondateur et président du comité stratégique de Clipsol. Mais seuls Jacques Giordano Industries, Viessmann et nous avons une usine en France. » Qu'à cela ne tienne ! De nombreux acteurs sont présents. « Cela crée une dynamique sur le marché », constate Joseph Colantuono, directeur produits chauffage de Buderus, qui déplore « l'existence de marques commerciales sans connaissances techniques qui n'apportent pas de soutien aux installateurs. »
« Peut-être distribuée un peu trop largement à ses débuts, l'appellation Qualisol s'est aujourd'hui professionnalisée », estime Gilles Walterspieler, responsable communication chez Viessmann. Pour ce dernier, le solaire reste un produit thermique , du ressors du métier de chauffagiste, du capteur au ballon d'eau chaude.
Autre type d'acteur, autre perception du marché, en tout cas en ce qui concerne l'intégration des capteurs en toiture : « De nombreuses installations présentent des problèmes d'étanchéité, affirme Nicolas Cohen-Solal, directeur du développement solaire de Terreal. C'est aux couvreurs de poser les capteurs, et aux plombiers-chauffagistes de gérer la partie hydraulique. Les assureurs demandent d'ailleurs de plus en plus souvent des compétences de couvreurs pour accorder la garantie décennale. » Actuellement, le solaire thermique concerne principalement la rénovation. Ce sont les plombiers qui touchent cette clientèle, et donc ce marché. « Mais avec la RT 2012 et l'intérêt croissant des promoteurs de maisons individuelles neuves pour le solaire qui, eux, scindent les lots, la segmentation du marché va peu à peu s'opérer. » Sur ce point, le photovoltaïque a déjà pris de l'avance, avec la mise en place de QualiPV élec et QualiPV bât.
Paru dans Le Journal du Chauffage et du Sanitaire n° 165 du 01/10/2009
