Solliciter à chaque instant l’énergie la moins chère, telle semble être la règle d’or qu’observent les fabricants. À une période où le prix des énergies fossiles peut varier brusquement, à la hausse comme à la baisse, il est de bon ton de les associer à des EnR qui, elles, peuvent être tributaires des conditions climatiques, à l’exemple du solaire. Le recours à différentes sources d’énergies s’impose également du fait de la multiplicité des usages. Difficile en effet de satisfaire aux besoins de chauffage et d’ECS avec un seul et même générateur tout au long de l’année.
La performance du bâti d’abord
Est-ce à dire que des systèmes 100 % EnR requérant solaire thermique et biomasse ne sont pas viables indépendamment des énergies fossiles ? Si, rétorqueront les puristes, installateurs militant pour un usage rationnel des EnR (voir le témoignage de Francis Lacour). Ces énergies, qui devraient s’imposer dans le neuf, doivent faire l’objet d’une démarche globale, sous peine de contre-références. « Utilisées comme elles le sont aujourd’hui, les EnR ne pourront satisfaire pleinement les consommateurs, explique Etienne Kubler, installateur lorrain. Dans une maison dispendieuse en énergie, les EnR - le solaire thermique notamment - ne suffisent pas et s’avèrent décevantes au regard des investissements. » Et ce dernier de brandir le devoir de conseil de l’installateur : « Il est hors de question de se tromper, au vu des sommes engagées. En tant qu’installateurs nous sommes responsables des économies escomptées. »
Biomasse et solaire thermique : quels automatismes ?
Le solaire et la biomasse s’avèrent également difficiles à « domestiquer ». Pour s’imposer durablement, elles devront satisfaire aux exigences de confort. « À quel moment l’utilisateur va savoir que le solaire ne suffit plus et qu’il va falloir basculer sur le bois ? », s’interroge ainsi Yves Carl, directeur Marketing de Viessmann France. « Il faut pour cela concevoir des automatismes. C’est possible, mais cela amène de la complexité. Et, outre l’aspect « coût », il ne faut pas perdre de vue l’aspect « confort ». Les systèmes ne doivent pas générer de contrainte particulière, en termes d’utilisation, d’encombrement, etc. »
L’ambition consistant à vouloir associer différents générateurs, de marques similaires ou différentes, peut se voir ainsi limitée par la difficulté dans leur automatisation.
Dès lors, que faire ? Les installateurs les plus volontaristes en matière d’EnR, à l’image de Francis Lacour, travailleront à l’élaboration d’automates en partenariat avec de véritables spécialistes. « Les gens ne veulent pas s’embêter avec l’automatisation des systèmes, ajoute ce dernier. Alors j’élabore des analyses fonctionnelles, correspondant aux différents scénarios que devra reproduire la future installation, que je fais ensuite « traduire » par un spécialiste de l’automation. Le problème, c’est que faire ainsi du sur-mesure coûte cher ; il faudrait travailler au développement de solutions industrielles. » Et ce dernier de regretter le peu d’intérêt des concepteurs d’automates pour les systèmes de production de chaleur à base d’EnR dans le secteur de l’habitat individuel.
Soigner la prise en main
En attendant peut-être que des solutions comparables à celles en vigueur dans le tertiaire soient transposées au résidentiel, il paraît opportun de se contenter des solutions standard disponibles, comme le conseille l’étude Combisol, menée en 2010 par l’Ines (Institut national de l’énergie solaire). Cette étude, soutenue par le programme communautaire « Intelligent Energy Europ », a instrumenté plusieurs dizaines de systèmes solaires combinés installés en Allemagne, Autriche, France et Suède. Dans ses conclusions, l’étude recommande aux installateurs, entre autres, de « préférer les systèmes standardisés préfabriqués », d’« éviter les moutons à cinq pattes » (sic), de « ne pas surdimensionner » les systèmes en effectuant une bonne évaluation des besoins de chauffage et de conseiller une rénovation thermique du bâti préalable. Abordant les logiciels de dimensionnement des SSC, les auteurs de l’étude ajoutent que leur utilisation est « généralement délicate pour les installateurs ».
Le bon commissionnement (un anglicisme tiré de commissionning : mise en service) des installations revêt également une importance capitale. Cher à Christian Cardonnel, le commissionnement désigne l’ensemble des tâches effectuées par l’installateur pour assurer le bon niveau de performance de l’installation livrée. D’après ce dernier, « les régulations proposées par les fabricants peuvent faire l’affaire, mais le commissionnement n’est pas suffisamment exercé ; l’installation EnR est livrée sans réglage et sans que leurs utilisateurs soient informés quant à sa bonne utilisation. »
