« Ça ne va pas ! Ça ne va pas ! ». Plutôt colère, Michel Cantal-Dupart en ce matin frisquet du 13 novembre, à bord de la péniche humide et glaciale de l’armée du Salut (signée Le Corbusier, tout de même…). La réflexion sur le Grand Paris, inaugurée voici 30 ans exactement, par le même Michel Cantal-Dupart et son comparse Roland Castro, va tout de travers. Elle s’égare et s’embourbe « dans les eaux glacées du calcul égoïste » (De qui ces mots ? C’est le premier Quizz du jour) : multiplication inopérante des acteurs, parcellisation des réflexions, atomisation des compétences, autisme des structures, absence de vision stratégique sur le long terme, vision politique inexistante, absence de discours sur le sujet au plus haut sommet de l’Etat : « Tous les présidents de la République ont, jusque-là, eu un discours sur Paris ». Et d’évoquer les mânes de De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac et Sarkozy...
Le chemin des écoliers
Bref, le Grand Paris manque cruellement d’ambition, vitupère Michel Cantal-Dupart qui, fort des encouragements de son ami Erik Orsenna – « Tu n’as qu’à l’écrire et l’envoyer à François Hollande » - ne s’est pas fait prier et en a « écrit vingt pages » aussitôt transmises à l’actuel locataire de l’Elysée. Lequel lui a récemment répondu en un courrier fort affable qu’il les avait bien lues et en avait apprécié la juste portée. Bon, mais alors ? Que disent ces vingt pages ? Elles formulent et déclinent sept propositions (qu’on découvrira en détail en cliquant ici-même) :
- Raccommoder les quartiers ;
- Où et comment construire le premier et le dernier logement ;
- La culture du « chemin des écoliers » ;
- La culture du « bien-être » ;
- L’accès à toute la ville et le tissage de la mobilité ;
- Gommer l’attrait du vide et protéger l’agriculture ;
- Valoriser la Seine.
Innovant, performant et référent
C’est que Michel Cantal-Dupart n’en démord pas : il faut atténuer la vision immobilière de l’urbanisme au bénéfice d’un « urbanisme culturel » qui se doit d’être « exemplaire pour les villes françaises, d’Europe et du reste du monde ». « Nous avons les moyens d’intervenir, en études et en travaux, pour une ville solidaire qui doit servir d’exemple : les villes émergentes regardent les "villes-lumières" pour en tirer les leçons », plaide encore l’urbaniste. Le Grand Paris doit être « innovant, performant et référent », de telle sorte que la leçon soit reprise de façon efficace « par les agglomérations du monde qui n'ont pas les moyens de tâtonner pour réussir ».
Enfin, il propose la mise en place d’un « Commissariat à la Belle Ville » qui orchestrerait les interventions des uns et des autres pour conduire à « l’harmonie », à défaut de quoi il propose la création prochaine d’un « Atelier urbain du cœur ». Mais, serions-nous tenté de lui objecter : « A quoi bon des poètes en un temps de détresse ? » (De qui ? Et ce sera le deuxième Quizz du jour).