Beaucoup de concepteurs s'interrogent sur la nouvelle mission de coordination SSI liée à la sécurité incendie. Elle a été rendue obligatoire par l'arrêté du 2 février 1993 (applicable en juin 1993) pour les établissements recevant du public (ERP). Cet arrêté met en vigueur une série de normes françaises, fixant les règles de conception, d'installation, d'exploitation et de maintenance des équipements techniques de sécurité contre les risques d'incendie et de panique dans les ERP.
Des automatismes selon des scénarios de sinistres
Une de ces normes (NFS 61-932) prévoit le cadre d'intervention du coordinateur SSI. D'abord peu appliquée, cette norme s'impose aujourd'hui de façon incontournable et les commissions départementales de sécurité exigent de plus en plus la présence d'un coordinateur spécialisé telle qu'elle est prévue par les textes.
La mise en place des systèmes incendie est de plus en plus l'affaire des spécialistes, en raison de la complexité des équipements intelligents qui secondent la vigilance de l'homme. Des automatismes se déclenchent suivant des scénarios de sinistres envisagés à l'avance, afin de mettre l'établissement en sécurité en cas d'incendie.
Selon les normes mises en place en 1993, dès que plusieurs entreprises interviennent pour l'installation des équipements du SSI, un coordinateur doit superviser ces installations. Ce coordinateur devant connaître les principes d'alarme, de détection, de compartimentage et de désemfumage, cette mission est le plus souvent confiée au préventioniste incendie. Plus précisément, le SSI comprend :
les matériels servant à transmettre une information FEU ;
les installations visant à collecter l'information, à l'analyser et à activer les fonctions (par exemple le compartimentage) nécessaires à la misse en sécurité d'un bâtiment ou d'un établissement ;
les équipements qui permettent, de façon déportée, de concourir aux fonctions de mise en sécurité (par exemple, pour la fonction désenfumage, les équipements sont composés des volets de désenfumage et des coffrets de relayage qui commandent la mise en route des moteurs).
Les nouvelles normes, d'application obligatoire :
prévoient la corrélation entre tous les éléments du système de sécurité incendie ;
étendent l'obligation de marque de qualité au centralisateur de mise en sécurité incendie ;
prescrivent l'établissement d'un dossier d'identité du système de sécurité incendie ;
imposent les essais et la réception de l'installation, sanctionnés par l'établissement d'un procès verbal.
Le coordinateur SSI est chargé, en premier lieu, de concevoir le système en cohérence avec la réglementation et d'adapter la conception à la nature du bâtiment. Par définition, il est un acteur neutre, impliqué en amont du projet avant même la désignation des entreprises. Sa mission n'exonère en rien l'organisme agréé de son rôle de vérificateur technique des installations, ni les entreprises du respect des normes et des règles de l'art.
Résultats des essais réalisés par les installateurs
Lors de la réalisation, le coordinateur procède à des visites de mise au point et répond aux interrogations des intervenants. En fin de chantier, il vérifie par sondage la corrélation des matériels suivant les combinaisons prévues. Il recueille les documents de résultats des essais réalisés par les installateurs. Il élabore un dossier d'identité SSI. Il est, en outre, souhaitable qu'il soit présent lors de la visite de contrôle de la Commission de Sécurité.
Le dossier d'identité SSI qui est demandé à la réception des ouvrages ne doit pas être un catalogue publicitaire. De la même façon qu'un dossier des ouvrages exécutés, il constitue une trace pour l'exploitation future des équipements de sécurité. Il concerne non seulement les équipements actifs télécommandés par le CMSI (centralisateur de mise en sécurité incendie), mais également les éléments passifs comme les caractéristiques des fileries ou des matériaux employés pour la réalisation des conduits de désenfumage.
Ce dossier d'identité SSI doit comporter au minimum les informations suivantes :
zone de détection avec identification des détecteurs et/ou des déclencheurs manuels correspondants ;
zone de mise en sécurité avec identification des dispositifs actionnés de sécurité ;
zone de diffusion d'alarme avec identification des diffuseurs d'alarme sonores et/ou des blocs autonomes d'alarme sonores ;
corrélation entre :
- les zones de détection et les zones de mise en sécurité et le centralisateur de mise en sécurité incendie pour les systèmes de sécurité incendie de catégorie A et B,
- le dispositif de commande (dispositif de commande manuelle, dispositif de commandes manuelles regroupées, dispositif de commande avec signalisation) et les dispositifs actionnés de sécurité, pour les catégories C,D et E ;
- le ou les schéma(s) de principe de l'installation, les plans de câblage détaillés devant être annexés au dossier d'identité ;
- la liste des matériels du système de sécurité incendie et documentation donnant leurs caractéristiques ;
- les instructions de manoeuvre ;
- les documents attestant la compatibilité entre le système de détection incendie et le centralisateur de mise en sécurité incendie ;
- la notice d'exploitation et de maintenance du système de sécurité incendie.
En conclusion, du fait de la complexité des systèmes et de la diversité des intervenants lors de l'installation d'un SSI, il est clair que la mission de coordination est complémentaire de la mission de maître d'oeuvre.
Serge Delhaye, ancien officier de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris, est ingénieur conseil en sécurité. Il dirige le Cabinet Serge Delhaye, bureau d'études en prévention incendie.