Avenir du territoire entre Saône et Rhin (ATSR) joue les prolongations. Coordinatrice de ce programme lancé en 2000 pour accompagner l’abandon du projet de grand canal Rhin-Rhône, la préfecture de Franche-Comté attend, pour le mois de janvier, la confirmation d’un délai supplémentaire de six mois. Cette décision permettrait de lancer d’ultimes opérations, jusqu’en mi-2007, afin d’améliorer un taux d’exécution passable.
Fret ferroviaire : ambitionsen baisse. Imaginé comme un laboratoire du développement durable, le programme ATSR affiche un « bilan en demi-teinte », commente Eric Alauzet, vice-président écologiste du Grand Besançon. Principal échec : la mise au gabarit B1 (élargissement des tunnels) de la ligne ferroviaire Mulhouse-Dijon attendra le contrat de projets 2007-2013, et plus personne n’ose parler du « Rhin-Rhône d’acier ». Réseau ferré de France (RFF), maître d’ouvrage, n’a dépensé que 2 millions d’euros en études sur l’enveloppe de 50,30 millions. La nouvelle maquette du projet réduit la section Montbéliard-Mulhouse à un rôle d’itinéraire de délestage des TGV de la ligne nouvelle Rhin-Rhône. L’Etat et le conseil régional de Franche-Comté engagent 2 millions d’euros chacun dans de nouvelles études.
Entre Mulhouse et la frontière allemande, la modernisation de la ligne de fret n’a pas non plus dépassé le stade des études, qui, là aussi, aboutissent à réviser le projet à la baisse : « Les perspectives de développement du fret n’atteignent pas le doublement ou le triplement envisagé en 2000 », explique Thierry Pierre, chargé de projet à la direction de Réseau ferré de France à Strasbourg. Les négociations en cours dans le contrat de projet alsacien portent sur une enveloppe de 12,5 millions d’euros, structurée autour de la modernisation de la gare fret de Bantzenheim. Compte tenu du caractère local du trafic, le projet exclut l’hypothèse d’un raccordement direct avec la gare de Mulhouse nord. Entre Bantzenheim et la frontière, le fret bénéficiera du projet de réouverture de la ligne voyageurs Mulhouse-Fribourg.
Eau et véloroute : un nouvelesprit. Discutables par rapport à l’esprit original du programme, les projets routiers de 26 millions de travaux ont porté sur les itinéraires de délestage de l’A36 et sur les traversées de nombreux bourgs et villages. « Cette dynamique a beaucoup profité au sud de l’Alsace », indique Philippe Walter, chef de la mission grands équipements au conseil général du Haut-Rhin. Plus conforme à l’idée d’un programme pilote pour le développement durable, le volet eau affiche l’un des bilans les plus positifs avec près de 24,5 millions d’euros de dépenses. Dans l’agglomération mulhousienne, qui a bénéficié d’une enveloppe de 7,08 millions d’euros au titre d’ATSR, le confortement des berges du canal se prolongera en 2007 par la création d’une dérivation qui mettra la ville à l’abri des crues.
En Franche-Comté, de nombreuses opérations d’assainissement, des contrats de rivières et des forages pour l’eau potable ont contribué à créer « une culture du développement durable, grâce au partenariat qui a conduit à une meilleure appropriation des projets et à une vision transversale », se réjouit André Bachoc, directeur régional de l’environnement. Tout au long de l’ancien canal, la véloroute Nantes-Budapest restera un symbole majeur du programme ATSR, non seulement à cause de son tracé et de la symbolique du transport doux, mais aussi par sa mise en œuvre : « Ce projet a suscité une vraie dynamique interdépartementale », commente Phlippe Walter.