Saint Gobain Distribution Bâtiment France démocratise la terre crue

Avec sa filiale Point.P, le groupe Saint-Gobain entend faire de la terre crue un matériau comme un autre. Big bags et sacs de liants pourraient être bientôt disponibles dans les points de vente.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
SGDB France a réalisé une dizaine de chantiers tests à travers la France.

« Notre objectif avec « Construire en terre » est d’industrialiser et de massifier la construction en terre crue. C’est pourquoi, après avoir travaillé avec Norper depuis plus d’un an, nous avons acquis la société et son brevet déposé sur le liant. Par ailleurs, nous continuons à étoffer la solution sur les aspects réglementaires et logistiques en particulier », annonce Patrice Richard, président de Saint-Gobain Distribution Bâtiment France (SGDB).

Une dizaine de chantiers tests ont déjà été menés à travers la France. Ils ont permis de valider les caractéristiques de la terre crue (granulométrie, composition, chimie….) et surtout les sources d’approvisionnement.

« Nous avons passé des accords avec les Installations de stockage de déchets inertes (ISDI) afin de récupérer les terres excavées avant qu’elles soient utilisées en comblement de carrières. L’avantage réside dans leur important maillage du territoire, qui nous permet de disposer de points d’approvisionnement à proximité des sites Point.P », indique Michel Daniel, directeur aménagement et ville durable chez SGDB France.

Il s’agit donc bien d’utiliser une matière première secondaire, puisque la terre a déjà été excavée pour un autre usage. Le matériau peut même provenir du chantier lui-même et donc être réutilisée in situ.

146 kg de CO2 eq/t de liant

D'ici quelques mois, Point.P pourrait proposer des big bags de terre ainsi que le liant breveté par Norper. Si sa formulation reste confidentielle, Patrice Richard indique tout de même qu’il contient des laitiers de hauts fourneaux fournis par Ecocem et le cristallisant mis au point par Norper. « Sa Fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) indique qu’il émet 146 kg CO2eq/t, contre 600 à 700 kg pour un ciment classique », précise-t-il.

La mise en œuvre s’inspire de celle utilisée pour la projection du mortier et respecte les habitudes du chantier. SGDB France préconise d’utiliser un malaxeur et une machine de projection standard. Seules la pompe et la lance de cette dernière ont été modifiées. Une fois mélangée à l’eau, aux granulats et au liant, la terre se met ensuite en œuvre dans une ossature bois par projection contre un support vertical. Côté préconisation technique, la granulométrie ne peut excéder 6 mm pour respecter la capacité de la plupart des machines de projection limitées à 8 mm. « Il sera possible d’aller au-delà avec des machines adaptées », précise Michel Daniel.

Jusqu’à 100 m² mis en œuvre chaque jour

Le produit comme la technique de pose ont été conçus pour respecter les habitudes de mise en œuvre des artisans. SGDB France table ainsi sur un rythme de mise en œuvre compris entre 50 et 100 m²/jour. De même, le résultat rappelle un mur en béton classique, puisque le mur final comprend, de l’intérieur vers l’extérieur, une plaque de plâtre, un pare-vapeur, un isolant en laine de verre, l’ossature bois avec son remplissage en terre crue et enfin un enduit extérieur à la chaux. « Il s’agit de produits Saint-Gobain standards, mais chacun est libre d’utiliser les références avec lesquelles il a l’habitude de travailler », précise Michel Daniel.

Une isolation répartie compatible avec les immeubles de première famille

Actuellement, cette solution d’isolation répartie affiche une résistance mécanique de 16 MPa et peut donc être mise en œuvre en maisons individuelles et jusqu’en R+3, soit les immeubles de la première famille suivant la terminologie de la réglementation incendie. « Nous visons déjà les immeubles de deuxième et même de troisième famille, poursuit le directeur aménagement et ville durable. Un essai Lepir 2 est en préparation pour le premier trimestre 2022. » De même, SGDB France attend un avis technique du CSTB sur cette solution dans un délai de 12 ou 18 mois à partir de septembre 2021. Tous ces sujets sont étroitement suivis par Opti Plus, le bureau d’études interne de Saint-Gobain.

Sensibiliser promoteurs et aménageurs aux vertus de la terre crue

Le prix fourni/posé du matériau s’élève lui à 189 euros HT/m² « de façon à être inférieur ou égal à un mur équivalent en béton », insiste Patrice Richard. Il s’agit bien de massifier l’usage de la terre crue partout où c’est possible. D’où la stratégie du groupe de sensibiliser les promoteurs et les aménageurs aux nombreux atouts inhérents à la terre crue : excellentes performances thermiques et hygrométrique, amélioration de l’acoustique et matériau géosourcé disponible partout.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires