L’année 2005 restera comme l’année charnière du projet de piétonnisation (2003-2009) des 110 ha du centre-ville de Saint-Denis. Depuis six mois et jusqu’à fin novembre, la ville mène avec la communauté d’agglomération Plaine Commune et les conseils de l’urbaniste Jean-Pierre Charbonneau, quatre chantiers distincts qui mobilisent trois maîtres d’ouvrage et 50 entreprises : extension, sécurisation et rénovation de 45 000 m2 (1 500 places) de parking ; rénovation d’une halle de marché (voir encadré) ; requalification de 10 000 m2 (700 m linéaires) de rues, et de 7 000 m2 de places en dalles de granit – flammées et polies – et de basalte.
Phasage précis. Le défi consiste à résoudre les dysfonctionnements existants avant le démarrage des gros chantiers de transport en commun du contrat de Plan. Pour cela, la municipalité a mis en place un plateau piéton interdisant l’entrée du centre-ville aux voitures par des bornes escamotables. Le 11 mars 2005, 17 000 m2 de places, 5 km de voiries et 10 000 habitants ont été mis hors flux routier. La complexité des chantiers, qui tient à la densité du centre-ville et à la présence de bâtiments (basilique, Légion d’honneur, mairie) et d’une zone commerciale de 400 magasins a nécessité un phasage précis. Il a d’abord fallu dégager un stationnement de substitution pour compenser les 650 places de surface en mobilisant 2 700 places réparties dans cinq parkings souterrains ; puis libérer l’espace public en déplaçant un marché (237 commerces, 20 000 à 30 000 personnes trois fois par semaine) à l’extérieur du périmètre piétonnier et, enfin, mener sur neuf mois et en totale coordination ces quatre chantiers.
David Ivernel, ingénieur en charge de la piétonnisation du centre-ville au sein de la Direction générale des services de Plaine Commune, assisté du Berim, a assuré le contrôle des études, la mise en œuvre du plateau piétonnier, le pilotage de l’aménagement des espaces publics et le suivi des travaux. « Au-delà des missions classiques de maîtrise d’ouvrage, il a fallu coordonner ces chantiers dans une zone fortement contrainte, où les conflits pouvaient surgir à tout moment », explique-t-il. Un cahier des clauses techniques très précis a été élaboré avec les équipes de maîtrise d’œuvre et cinq critères spécifiés dans le DCE : sécurisation totale des chantiers et des flux piétonniers ; information continue des riverains et usagers ; accessibilité permanente aux commerces et équipements publics ; respect de l’environnement (collecte journalière des gravois) ; maintien des lignes de bus (250 par jour).
Concertation. « Le maître mot est l’anticipation dans la concertation pour assurer une coordination constante et éviter tout dérapage », ajoute David Ivernel. Le service départemental de l’archéologie et l’unité archéologique de la ville ont ainsi identifié préalablement les zones où le découchage dépasserait les 50 cm (fosses d’arbres, candélabres), et prévu le temps nécessaire aux archéologues.
Cette piétonnisation s’achèvera par le réaménagement de la rue Gabriel-Péri sud (début des chantiers fin 2005-début 2006) et du parvis de la basilique (début des travaux fin 2006), puis par la création de squares de quartier et la requalification de la rue Jean-Jaurès (2008-2009).