RTE : grands travaux en vue

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité doit renouveler et renforcer ses lignes, mais aussi faire face à la demande croissante de décarbonation des industries et aux besoins de raccordement des futurs parcs éoliens en mer.

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Le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, piloté par EDF, sera le premier à entrer en service.

« La transformation du réseau liée à la transition énergétique, ce sont des travaux majeurs, comparables à ce qui a été fait dans les années 70 lors de la construction du parc nucléaire », estime le directeur exécutif en charge du développement et de l’ingénierie chez RTE Khalid Abdallaoui.

Une évolution qui est particulièrement visible dans l’industrie, où les acteurs ont entamé la décarbonation de leurs process. Le gestionnaire des lignes à haute tension alimente directement 250 grands sites – raffineries, aciéries, industrie chimique – qui, par leur consommation d’hydrocarbures, sont responsables de 10 à 15 % des émissions de gaz à effet de serre en France.

Accompagner la transition industrielle

Mais le plan d’investissement France 2030 et le plan de relance post-covid France Relance changent la donne : « nous voyons arriver beaucoup de projets de passage des énergies fossiles à l’électricité », indique Khalid Abdallaoui. RTE a ainsi reçu des demandes pour des projets de production d’hydrogène bas carbone à hauteur de 6 GW, projets issus de l’industrie mais aussi du transport aérien et maritime qui cherchent à s’orienter vers des carburants plus durables. « Il y a encore quelques années, nous ne pensions pas que ce mouvement serait si rapide », relève Khalid Abdallaoui. La construction de plusieurs gigafactories de batteries automobiles, de piles à combustibles et d’électrolyseurs vient également renforcer la demande.

Raccorder les renouvelables

Mais ce n’est pas tout : à cette tendance il faut ajouter les besoins de raccordement des nouvelles installations de production d’énergie renouvelable. L’éolien terrestre et le solaire verront leur puissance multipliée par trois d’ici 2030 et par cinq d’ici 2035. Quant à l’éolien en mer, dont le premier parc, celui de Saint-Nazaire, sera mis en service cette année, sa capacité devrait passer de zéro à 18 GW en 2035, avec la phénoménale perspective récemment annoncée de 40 GW en 2050. Outre le raccordement au continent, ces chantiers nécessiteront la construction d’une centaine de postes électriques supplémentaires dans les dix ans.

Augmenter le lien avec nos voisins

La France doit en outre accroître sa capacité d’échanger de l’électricité avec ses voisins européens via des lignes dédiées. L’objectif est de passer de 15 à 30 GW d’interconnexions d’ici 2035. Cette augmentation dérive d’une obligation européenne mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie a mis en évidence la nécessité de ces échanges pour garantir son approvisionnement électrique. « Il devient encore plus impérieux de réaliser les projets d’interconnexions européennes dans les délais », souligne Khalid Abdallaoui. Les projets de nouvelles lignes sont nombreux, le plus abouti étant l’interconnexion Savoie-Piémont, entre la France et l’Italie, dont les travaux se terminent actuellement.

Renouveler le réseau existant

Enfin, RTE doit répondre à l’état du réseau actuel : avec une moyenne d’âge de 50 ans, c’est l’un des plus âgés d’Europe. « Nous allons devoir faire face à un mur de renouvellement dans les années qui viennent », alerte Khalid Abdallaoui.

Jusqu’en 2020, RTE remplaçait environ 300 km de câbles aériens par an. En 2022, les travaux ont concerné 500 km de câbles. Ce sera 600 km en 2024 et 1 200 km en 2030. Le gestionnaire du réseau haute tension remplace également 500 pylônes chaque année. « Cette cadence va doubler dans les années qui viennent, promet le responsable du développement, particulièrement dans les zones de corrosité forte, en bord de mer ou dans les régions soumises à la pollution industrielle. »

Maintenir les compétences

Le niveau d’investissement devra suivre : d’ici 2035, RTE prévoit d’engager 33 milliards d’euros dans l’ensemble de ces opérations, dont 13 milliards uniquement pour adapter son réseau au nouveau mix électrique et 7 milliards pour raccorder les futurs parcs éoliens offshore. Mais au-delà des besoins financiers, le gestionnaire de réseau s’inquiète des capacités de la filière en matière de compétences et de savoir-faire : « c’est une vraie préoccupation dont nous discutons avec les acteurs du secteur comme les fournisseurs du BTP », confirme Khalid Abdallaoui. La hausse du coût des matières premières est également un sujet d’inquiétude pour le gros acheteur de matériel qu’est RTE.

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