L’étude de définition dont est issue cette réalisation s’inscrit dans le cadre d’une mission de la Siemp menée en 2002 en faveur de l’éradication de l’insalubrité. Elle a eu pour premier objectif de déterminer la non-faisabilité d’une réhabilitation : le site était occupé par deux immeubles de logements très dégradés et par un carrossier. Dans un second temps, il s’agissait d’établir un diagnostic urbain, de statuer sur le débordement de la parcelle sur la rue de Picpus. Maintenir ce sursaut, voire accentuer l’accident ou réfléchir dans une logique de raccord, de remembrement ? L’empiétement de la parcelle – pleinement construit – se traduit par un angle très saillant, pignon aveugle et porteur d’ombre sur le bâtiment de logements mitoyen des années soixante. Les architectes Rémi Pascal et Pierre Bouillon prennent l’option – non sans se heurter à la résistance des services de la voirie – de rendre l’emprise de ce coude à l’espace public. Ils liaisonnent les deux bâtiments mitoyens par une façade cintrée plutôt inattendue et inventent ainsi l’histoire d’une continuité urbaine. Les maîtres d’oeuvre cherchent alors les relations avec le pied d’immeuble des années 60, dont la géométrie traversante et étagée ne traduit pas de volonté de « prendre » l’espace public mais au contraire de mêler deux usages, celui du domestique, du hall avec celui de la rue. Cette culture de l’appendice est appuyée par un mode de régularité en façade principale dû aux larges percements en limites des planchers, aux gardes corps scandés de plats verticaux métalliques longeant toute la façade et même la toiture-terrasse, et à une surface extérieure sans reprise. Le bâtiment est construit en béton blanc autoplaçant brut de parement. Des motifs « travertin » ont constitué la matrice des fonds de banche afin de pallier aux imprévisibles imperfections du béton. Ce module imprime un léger veinage en creux du coulage qui s’associe aux réels défauts du béton et ainsi, les absorbe. Dans les logements – 5 T2, 5 T3 et 7 T4 – traversants pour la plupart avec chambres à l’est et séjours à l’ouest, cette continuité de façade est particulièrement sensible. Les têtes de cloisons, coulissantes, ne butent jamais contre le mur extérieur et libèrent ainsi une circulation périphérique parallèle aux terrasses. Les logements gagnent ainsi en dilatation, en interaction. Cette ouverture de champ amplifie le rapport à la rue que la courbe développe encore. Les percements, généreux participent de cet effet cinétique et de ce jeu sur les transparences modulées selon les points de vue. Grâce à un long arrêt de chantier, l’opération a été conçue suivant la THPE 2 000 équivalent d’une RT 2005. Peu de remise en cause de son coefficient thermique, donc, une isolation intérieure renforcée a permis de maintenir le pari difficile de la largesse des ouvrants à deux vantaux. Ceux ci sont constitués d’une menuiserie en bois de pin qui reçoit des volets accordéons coulissants calés entre deux rails. Les dormants supérieurs des baies sont plaqués en limite de plafond, mais un décalage de niveau avec les terrasses est cependant marqué. Un écart dû à l’ajout d’un niveau supplémentaire de logements après la validation de l’étude de définition, mais finalement assumé par les architectes qui règlent ainsi les problèmes de pont thermique et accueillent favorablement cette petite marche particulière aux logements haussmaniens. La ventilation naturelle des appartements s’opère au moyen d’une prise d’air dans les ouvrants, avec extraction dans les toilettes, salles de bain et la cuisine. Les chambres dont les fenêtres sont désaxées pour favoriser un usage jour/nuit, donnent pour la plupart sur l’arrière de la parcelle tapissée d’un jardin non accessible composé de plantes couvre sol. Ce jardin conçu suivant l’idée d’une collection végétale est également profitable au local d’activité traversant du rez-de-chaussée. Les pignons qui enserrent ce coeur de parcelle ont été laissés en l’état et participent d’une ambiance commune plutôt sympathique.
Lieu : 121/123 rue de Picpus, 75012.
maîtrise d’ouvrage : Siemp.
Maîtrise d’œuvre : rppb architectes mandataires ; complémenterre paysage ; bccb bet tce économie.
programme : 17 Logements PLUS et PLAI, 17 logements collectifs sociaux dont 7 T4, 5 T3, 5 T2 ; local d’activité (100 m2), parking (750 m2) jardin, terrasses végétalisées avec panneaux solaires (ECS) 400 m2.
surface : shon 1 500 m2.
calendrier :
étude de définition 2003, livraison 2010.
coût : 3,12 M € .
ENTREPRISES : Novalex, gros-œuvre, maçonnerie, cloisons, doublage, isolation, menuiseries intérieures, faux-plafonds, revêtements sols et murs, peinture, VRD ; Beci btp étanchéité ; David menuiserie menuiseries extérieures ; Acm occultations, bardage, serrurerie ; Rodjem, chauffage, ventilation plomberie sanitaire, gaz ; Phidelec électricité - courants forts et faibles ; Schindler appareil élévateur ; Agrigex paysage.












