Roquette Frères teste une nouvelle filière énergétique : la géothermie profonde

L’exploitation industrielle de la ressource géothermale profonde du fossé rhénan franchit un cap, avec l’investissement de 44 millions d’euros engagé pour Roquette Frères à Beinheim (Bas-Rhin).

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Outre la fourniture de vapeur pour Roquette, Ecogi étudie l’utilisation de la chaleur résiduelle pour des cultures sous serre chaude.

Première application mondiale de la géothermie profonde pour la production de vapeur destinée à un industriel, le projet Ecogi est entré en chantier en début d’année à Rittershoffen (Bas-Rhin). Destiné à Roquette Frères sur son site de Beinheim (à 15 km de Rittershoffen), l’investissement de 44 millions d’euros porte sur une centrale d’une puissance de 24 MW thermiques, à mettre en service au début 2014. Cet équipement complétera la chaudière à biomasse que le producteur d’amidon exploitera à partir d’octobre prochain à Beinheim, après un investissement de 20 millions d’euros. Roquette Frères compte sur ces deux nouvelles sources d’énergie pour réduire de 75 % sa consommation de gaz.

Pôle géothermique d’EDF

Trois associés portent le projet géothermique au sein de la société Ecogi, créée en mai et présidée par Fabrice Gourdellier, directeur général délégué du groupe ES : Roquette Frères et Groupe ES (filiale strasbourgeoise d’EDF) détiennent chacun 40  % du capital, et la caisse des dépôts et consignations 20 %. Le français Cofor réalise les deux forages pour 12 millions d’euros, sous maîtrise d’œuvre de la compagnie française de géothermie, filiale du BRGM. Des consultations en cours portent sur les marchés d’aménagement et de terrassement. La construction de la centrale et d’une canalisation de 15 km, entre Rittershoffen et Beinheim, reste conditionnée au succès des deux forages, espéré pour le début 2013. L’exploitation industrielle repose sur une boucle géothermale structurée par deux puits.

Double soutien de l’Ademe

« Après la mise en service du pilote industriel de Soultz-sous-Forêts en 2008, ce projet positionne ES comme centre d’expertise géothermique au sein du groupe EDF », affirme Bruno Fyot, directeur général du groupe ES. Trois autres projets alsaciens, destinés à la cogénération de vapeur et d’électricité, font l’objet d’instructions administratives en cours, pour des montants unitaires de 25 millions d’euros. « L’expérience de Soultz-sous-forêts nous a conduits à abandonner la fracturation hydraulique, en raison des risques sismiques, et à chercher l’eau chaude là où elle se trouve. Fondée sur le triptyque exploration connexion exploitation, notre méthode révolutionne la géothermie profonde », explique Jean-Jacques Graff, président d’ES Géothermie. L’argumentaire a convaincu l’Ademe non seulement par l’intermédiaire de son fonds chaleur qui contribue à l’investissement et au fonctionnement pour 25 millions d’euros, mais aussi à travers 18 millions d’euros destinées aux garanties. La région Alsace et la Caisse des dépôts abondent également le financement des garanties.

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