Elément de l'ensemble auquel appartient le Grand Palais (Paris VIIIe ) bâti à l'occasion de l'exposition universelle de 1900 par l'architecte Charles Girault, le Petit Palais fait l'objet d'une restauration majeure. Elle concerne notamment une fresque de plus de 1 000 m² du peintre Paul Baudoüin, achevée en 1911. L'œuvre d'art orne sur 108 m de long la voûte du péristyle, déployé sur le pourtour du jardin intérieur, sur un plan semi-circulaire. Exposé aux aléas climatiques, ce chef-d'œuvre a subi les assauts du temps et des intempéries : fissures, encrassement, moisissures. Des pertes de couleurs sont aussi à déplorer. Au-delà de la seule fresque, c'est une restauration totale, avec gros œuvre et reprise de l'ensemble du péristyle qui est lancée. Les travaux, conduits par Paris Musées avec comme maître d'œuvre l'agence de Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, ont démarré en avril dernier et s'achèveront mi-2026. Un calendrier serré pour des interventions programmées en fonction des visites du public et des évènements organisés.

Echafaudage en équilibre
L'installation du chantier représente un premier défi. Pour réaliser les travaux, un échafaudage est mis en place sur le pourtour et le dessous de la galerie, sur ses 5 m de largeur. Doté d'un platelage positionné à la hauteur de la naissance de la voûte, il offre aux restaurateurs un accès permanent à la fresque. « Pour en déterminer les points d'appui, il a fallu prendre en compte les capacités de portance des sous-sols historiques, dont les dalles sont en béton armé Hennebique (BAH). Et composer avec les travaux menés entre 2000 et 2005 par l'agence d'architecture Chaix & Morel et Associés, qui ont créé trois niveaux avec auditorium et réserves sous la cour en demi-sphère », rappelle Pierre-Antoine Gatier. Les équipes utilisent une grue pour la livraison d'une partie des matériaux, qui survolent donc les 19 m de haut du bâtiment.
Une fois ces questions résolues, les différents corps d'état ont pu se mettre au travail. Ainsi, les maçonneries en pierre de taille -en plates-bandes et en parement - sont en cours de démoussage grâce à des huiles essentielles. Elles seront ensuite nettoyées par microgommage puis réparées avec un mortier. « Les parois de la galerie sont, elles, revêtues de dalles de marbre agrafées par des attaches métalliques. Des plaques sont altérées, d'autres présentent des attaches corrodées et risquent de tomber », décrit l'architecte. Certaines d'entre elles, qui représentent 25 % de la façade, seront déposées pour restauration, d'autres remplacées par de nouvelles issues des carrières de marbre de Sarrancolin (Hautes-Pyrénées). En toiture, la charpente métallique est en bon état. Elle sera juste traitée contre la corrosion et réparée ponctuellement. « En revanche, le voligeage et la couverture en zinc, polluée au plomb, seront refaits », précise Nina Balliot, architecte. Les deux frontons, en demi-cercle, seront également recouverts de zinc pour mieux les protéger.

« Conserver l'authenticité des produits d'origine »
Dessous, la reprise de la voûte peinte a fresco, c'est-à-dire sur un enduit frais, a commencé. « Les restaurateurs emploient des matériaux de consolidation minéraux afin de conserver l'authenticité des produits d'origine tout en utilisant des procédés respectueux de l'environnement », indique la directrice du Petit Palais, Annick Lemoine. Ce symbole du renouveau de l'art de la fresque en France, où se succèdent des figures évoquant les saisons, les mois et les heures, retrouvera bientôt sa richesse chromatique et son éclat d'origine.
