CTB - Quelles ont été selon vous les innovations marquantes en France ?
Pour ce qui concerne le béton, il est difficile de parler d'innovations de rupture. Néanmoins, la commercialisation de la table vibrante pour la fabrication du béton à vibrations acoustiques démarre. L'industrie était jusque-là frileuse, de peur que cette innovation bouscule son système de vibration. Mais, désormais, les fournisseurs sont prêts, et cette technologie va pousser à réfléchir à la manière de fabriquer le béton autrement. Elle offre une flexibilité d'un point de vue du monitoring de la vibration et ouvre à un coût d'investissement relativement réduit.
Cette table va apporter un véritable confort dans l'industrie du béton. Tout d'abord au niveau du bruit, puis de l'allégement des moules, une dimension non négligeable lors de la maintenance et de la manutention.
Ces deux points positifs vont forcément se ressentir. Enfin, la productivité va être améliorée. Concernant les innovations qui m'ont marqué cette année, l'exosquelette de la start-up Wandercraft a retenu mon attention pour au moins deux raisons.
Je pense que l'avenir est dans ce domaine.
La preuve : l'armée s'y intéresse et les applications sont nombreuses, tant sur le plan médical qu'au niveau des opérateurs dans l'industrie. En outre, de par la difficulté de fabrication des exosquelettes qui doivent être flexibles, légers et robustes, l'évolution de cette technique va être liée à l'impression 3D, mais aussi à l'intelligence artificielle ou le deep learning. La programmation des mouvements est très complexe, et l'exosquelette devra s'adapter à son porteur dans le temps.
Par conséquent, la machine devra apprendre de lui ( machine learning).
CTB - À l'international, quels projets relevez-vous ?
L'engouement pour l'impression 3D. Cette technologie va être exploitable au niveau des moules pour la préfabrication du béton. Elle se développe et va donner un magnifique élan aux architectes et à l'architecture, à l'instar de la Smart Slab 1, une dalle de béton conçue par des chercheurs de l'École polytechnique (ETH) de Zurich (Suisse) pour la DFAB House, premier projet architectural au monde à utiliser l'impression au sable en 3D.
CTB - Quels sont selon vous, les freins et les leviers à l'innovation ?
Techniquement, l'évolution de la 3D reste freinée par la réglementation et la normalisation, même si tous les industriels y travaillent. Néanmoins, nous sommes encore aux balbutiements de cette technologie.
En outre, un certain attentisme demeure au regard des investissements financiers.
Par voie de conséquence, les leviers de l'innovation seraient le financement de projet et la prise de risque. Dans l'industrie du béton et par rapport à d'autres filières, les budgets R & D restent limités, surtout pour du préfabriqué. La dernière grande technologie de rupture remonte aux années 1980 et 1990, avec le béton autoplaçant. L'innovation prend du temps, beaucoup de temps.
