Réseaux de chaleur et ENR en débat au salon des maires

A l’occasion du Salon des maires et des collectivités locales (SMCL), deux ateliers animés par les quotidiens BIP et Enerpresse ont fait le point sur les réseaux de chaleur et les énergies renouvelables.

Avec 450 réseaux de chaleur, desservant 2 millions d’équivalent logements, soit à peine 3 % du chauffage résidentiel, la France est loin d’être à la pointe en la matière.

Des réseaux qui "utilisent aujourd’hui à près de 75 % des énergies émettrices de CO2", a insisté Jean-Louis Bal, directeur des ENR à l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

Pour autant, ces systèmes ont été choyés par le Grenelle, pour leur capacité à pouvoir utiliser les énergies peu carbonées. "Le Grenelle vise à augmenter la part des ENR, en particulier celles qui sont difficiles à utiliser par les particuliers."

L’utilisation d’ENR dans les réseaux permet d’éviter des à-coups brutaux en terme de volatilité des prix, a indiqué Thierry Franck de Préaumont, président de la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain). Le Grenelle crée un fonds chaleur, qui doit aider au développement des réseaux utilisant ces énergies sans rejet carboné. "Ce fonds s’adressera autant à l’industrie, à l’agriculture, à l’habitat collectif qu’au tertiaire. Tous les secteurs économiques seront concernés, sauf les particuliers qui bénéficient du crédit d’impôts", a précisé Jean-Louis Bal.

Directeur de Dalkia France, Franck Lacroix a jugé de son côté que "deux enjeux sont fondamentaux : le financement de l’extension des réseaux, sachant que pour doubler la taille des réseaux, il faudrait investir plusieurs milliards d’euros ! Si l’on souhaite développer les énergies renouvelables dans les centrales de production, il faudra de même investir de l’ordre de 5 milliards d’euros !". "Le projet de loi de finances prévoit 800 millions d’euros en trois ans, a répondu Jean-Louis Bal. L’objectif étant d’aller jusqu’à 800 millions d’euros par an d’ici à 2020 ! Les moyens financiers sont à la hauteur des enjeux."

Un optimisme partagé par Yann Oremus, chargé de mission réseaux de chaleur à Amorce (association nationale des collectivités, des associations et des entreprises pour la gestion des déchets, de l’énergie et des réseaux de chaleur).

"Mais attention, a souligné Franck Lacroix, l’optimisation économique passe par une planification assez complexe. [... ] Rien ne serait plus stupide que d’installer des chauffe-eau solaires en mettant en place, en parallèle, un réseau de chaleur alimenté par la biomasse."

Concernant l’installation d’éoliennes, les opérateurs ont souligné la nécessité, pour mener à bien ces projets, d’un soutien fort des élus. Des projets dont la mise en oeuvre nécessite au moins cinq ans dans l’Hexagone. "Il est question de soumettre les projets éoliens à des réglementations plus sévères qui pourraient même rallonger cette période", s’est inquiété Bernard Laurent, directeur général d’Erelia Groupe, filiale de GDF Suez. De son côté, le directeur Développement France d’EDF Energies Nouvelles, Marc Frager, s’est insurgé contre les idées fausses véhiculées selon lui sur les éoliennes.

Celles-ci fonctionnent 80 %, voire 90 % du temps (et non 20 % comme certains l’annoncent), n’ont suscité en France aucune construction de centrales thermiques pour pallier leur production intermittente et ne coûtent quasiment rien aux contribuables, a-t-il affirmé.

Un autre débat du SMCL, organisé cette fois-ci par le SERCE (Syndicat des entreprises de génie électrique et climatique), était consacré à l’efficacité énergétique des réseaux et des bâtiments des collectivités territoriales. L’occasion pour le directeur général du SERCE, Francis Bouquillon, de préciser

qu’un arrêté rendant les Contrats de Performance Energétique (CPE) éligibles à l’obtention de Certificats d’Economie d’Energie (CEE) pourrait être signé d’ici à la fin de l’année. Quoi qu’il en soit, pour les collectivités territoriales pouvant se voir attribuer des CEE, le recours à ce dispositif continue à se faire sur la base du volontarisme, en l’absence d’un marché des certificats, a constaté Pascal Sokoloff, le directeur de la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies).

Les CEE constituent en tout cas l’un des moyens à disposition des communes pour mieux maîtriser leurs consommations énergétiques, qui représentent 3 à 4 % de leurs coûts de fonctionnement. La FNCCR a donc créé un grand prix des certificats blancs, qu’elle remettra en septembre 2009 aux collectivités ayant obtenu le plus de certificats, à l’occasion de son Congrès annuel organisé à Annecy.

Site des quotidiens BIP et Enerpresse

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