La facture avoisine 3,7 Mds€ pour les 600 gares des 24 agglomérations candidates aux services express régionaux métropolitains (Serm). « Une somme assez modeste, si on la met en regard des 2 à 4 Mds€ d’investissements nécessités par chaque Serm labellisé », commente Stéphane Lerendu, directeur des grands projets à SNCF Gare & Connexions.
Consolidation des labels
Le détail des dépenses et leur priorisation figurera dans les études baptisées Radar. Pour les élaborer, l’Arep, filiale de maîtrise d’œuvre de Gares & Connexions, s’est inspirée de l’expertise acquise dans la capitale, à l’occasion de la publication de l’atlas bioclimatique des gares parisiennes, feuille de route des grands chantiers en cours, concomitants à la mise en service du Grand Paris Express.
La diffusion de l’outil vient à point nommé pour transformer l’essai marqué au début de l’été par les 24 agglomérations pionnières : l’Etat ne leur a délivré les labels que sous réserve de confirmation attendue dans le courant de l’année 2025. Cette consolidation résultera « d’un dossier approfondi, qui devra préciser les objectifs, la feuille de route pour les atteindre, le plan de financement ainsi que la gouvernance du projet », précisait l’ancien ministre des Transports Patrice Vergriete, au début de l’été 2024.
Du diagnostic à la hiérarchisation
« Un Radar comprend deux parties », expose Stéphane Lerendu. Sous la forme d’un atlas, la première pose un diagnostic approfondi de la métropole. La seconde croise les hypothèses de développement des Serm avec 50 critères. Ce cadre général s’adaptera à des degrés d’avancement variables : « Toulouse figure parmi les métropoles les plus matures, alors que Chambéry et Tours engagent tout juste leurs études », poursuit Stéphane Lerendu. A Bordeaux et Strasbourg qui ont déjà commencé à déployer leur Serm, le nouvel outil apportera des compléments d’études.
Rouen ouvrira le bal de Radar, dès janvier prochain, avec un concentré d’enjeux représentatifs de ce qui attend les 24 : le Serm normand devra s’harmoniser avec la future LGV et avec la réponse aux besoins du fret, dans une agglomération traversée par un fleuve au cours tortueux. Le déploiement du nouveau système de transport public multimodal pourra s’appuyer sur de précédentes études consacrées au potentiel du tram-train.
Ensemblier multimodal
A l’Est du périmètre du Serm de Bordeaux, un autre laboratoire éclairera les projets des villes moyennes situées dans l’orbite d’une métropole : Libourne (Gironde) bénéficie d’une convention d’études sur les Pôles d’échange multimodaux (Pem) innovants. Parmi la trentaine d’innovations à l’étude, Stéphane Lerendu cite les quais bioclimatiques, la vidéosurveillance intelligente ou les « hôtes à distance », autrement dit des bornes équipées de logiciels d’intelligence artificielle et susceptibles de répondre à toute question d’un voyageur à son arrivée en gare.
De la réhabilitation légère ou lourde jusqu’au neuf, assez exceptionnel, les 600 chantiers pressentis déploieront toute la gamme du savoir-faire de l’Arep, au service d’un objectif principal : l’intermodalité. Concentrée sur le ferroviaire, la filiale de maîtrise d’œuvre de la SNCF ne s’interdit pas de signer des conventions de maîtrise d’ouvrage pour réaliser des gares routières mitoyennes de ses propres emprises, dans le cadre de pôles d’échange multimodaux.
Au service du ZAN
Dans la métropole Nice Côte-D’Azur, la gare routière de Cagnes-sur-mer démontre ce potentiel, avec une convention de maîtrise d’ouvrage qui comprend le stationnement des voitures et des vélos. Mais cet exemple illustre aussi le périmètre fermé des études Radar, qui n’ont pas vocation à déborder au-delà de 300 m autour des gares.
Consciente de la focalisation des enjeux urbains autour de ses sites, Gares & Connexions s’apprête à mettre à disposition des maîtres d’ouvrage des Serm un autre outil en cours de finalisation sous le nom d’Asset management. « Le recensement des 300 000 équipements de nos 3250 gares nous permet de connaître leur occupation et l’échéance de leur transformation potentielle », explique Stéphane Lerendu. L’anticipation de la conversion aux modes doux des parkings automobile fait partie des principales applications de l’Asset management des gares, présenté comme un outil au service du Zéro artificialisation nette (ZAN).
Ouverture à 360°
Alors que la question de la densification se pose sur les sites les plus intensément fréquentés, d’autres études s’interrogent sur les halles neuves. « Tout reste à inventer pour bien les dimensionner et déclencher l’intérêt pour de nouveaux pôles d’attractivités », décrypte Stéphane Lerendu. L’ingénierie de Gare & Connexions se donne les moyens d’échapper au risque inhérents à des logiques de centralisation qui donneraient l’entièreté des retombées économiques au cœur des métropoles.
Un fil conducteur réunit néanmoins toutes les gares Serm : concentrer les efforts sur une ouverture à 360°, pour optimiser les rabattements. « Sur ce point, la gare de Lyon Part-Dieu constitue la référence », précise Stéphane Lerendu.
Quatre régions botaniques
Pilote des études Radar, l’Arep se prémunit contre la tentation du copié collé. Des prestataires externes complèteront les travaux de l’ingénierie interne à Gare & Connexions, en particulier pour ancrer dans les territoires les projets de renaturation. Chaque étude comprendra un répertoire des pépinières et associations susceptibles de s’inscrire dans des partenariats locaux avec les services d’espace vert territoriaux, pour décliner les projets de végétalisation dans les quatre régions botaniques qui structurent l’Hexagone.
Sur ce sujet aussi, l’Arep prépare un outil complémentaire de Radar, sous la forme d’un guide de 150 pages consacré à la végétalisation des parvis de gare. Là encore, la capitale sert de galop d’essai, comme le montrent les 400 arbres plantés à l’occasion de la transformation de la place d’Austerlitz, avant une autre opération phare dont le démarrage aura lieu en avril prochain, entre la gare de Lyon et le ministère de l’Economie et des finances.