Enquête

REP Bâtiment : une « boucle vertueuse » qui ne demande qu'à s'élargir

Ecominéro dresse un bilan positif du dispositif de collecte et de revalorisation des bétons qu'il pilote. L'éco-organisme appelle désormais les maîtres d'ouvrage à s'emparer davantage de ces ressources de seconde vie.

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Ecominéro est sous contrat avec 1 324 plateformes de recyclage, disséminées sur tout le territoire français, qui transforment le béton de démolition en granulats.

Le béton est un matériau recyclable à l'infini, rappelle d'emblée François Demeure dit Latte, le directeur d'Ecominéro, éco-organisme dédié à la gestion des déchets inertes issus du bâtiment - catégorie n° 1 de la REP PMCB -, dont le minéral figure en tête de liste.

A la manœuvre de sa revalorisation, Ecominéro recycle 96 % du béton, les 4 % restants suivant une autre voie de valorisation, en servant notamment de remblai de carrière. La société est actuellement sous contrat avec 1 324 plateformes de recyclage, disséminées sur tout le territoire français pour assurer un maillage le plus complet possible.

« Le recyclage ayant pour but de réduire l'empreinte carbone du béton, cela serait un non-sens absolu de lui faire parcourir plusieurs centaines de kilomètres », note le directeur d'Ecominéro. Néanmoins, si la couverture géographique est déjà considérée comme largement satisfaisante, elle peut encore être optimisée, notamment dans les zones montagneuses. « L'objectif d'Ecominéro est que les artisans disposent d'un point de reprise qui se trouve de quinze à quarante-cinq minutes maximum de leur chantier », précise-t-il.

Soutien financier

En pratique, les entreprises de gestion des plateformes établissent une déclaration mensuelle des coûts afférents à la collecte et au recyclage afin de bénéficier d'un soutien financier de l'éco- organisme, adapté aux tarifs en vigueur qui varient selon les 305 zones d'emploi de l'Hexagone. La somme couvre 100 % du coût de reprise sur les plateformes si les déchets sont janvier 2025), ce qui rembourse les investissements consentis par ces prestataires pour leurs installations.

Reste qu'une fois transformé, le granulat de béton recyclé ne coûte pas moins cher que le granulat vierge. Dès lors, comment encourager les acheteurs à le privilégier ? « Il faut mettre en avant son impact positif sur l'environnement et ainsi faire en sorte que, à tarifs équivalents, les entreprises préfèrent sa version recyclée », estime François Demeure dit Latte.

L'autre levier est l'incitation financière. « L'éco-modulation peut aussi y contribuer, en diminuant le montant de l'éco-contribution payée par les entreprises qui mettent sur le marché des matériaux intégrant du béton recyclé. C'est une boucle vertueuse ! » argumente-t-il.

D'autant que les débouchés potentiels ne manquent pas. Aujourd'hui, 15 millions de tonnes de déchets inertes sont émises chaque année. Or, la mise sur le marché de matériaux minéraux atteint 150 millions de tonnes par an.

Incitation à privilégier le recyclé

« Si le gros œuvre de tous les bâtiments érigés intégrait 10 % de granulats recyclés, ce serait parfait », insiste le directeur de l'éco-organisme, qui souhaite voir se massifier le recours au béton recyclé (aujourd'hui, la proportion oscille entre 5 et 10 %). « En tant que société à mission, notre responsabilité est d'inciter les maîtres d'ouvrage à privilégier au maximum l'intégration de matière recyclée, et ce afin de tirer l'ensemble de la filière vers le haut », conclut François Demeure dit Latte.

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