Rénovées, les Colonnes de Buren reçoivent "enfin" des honneurs officiels

Frédéric Mitterrand a "inauguré" vendredi 8 janvier les fameuses Colonnes dont la restauration vient de s'achever. Le coût de l'opération, "toutes dépenses confondues", s'élève à 5,3 millions d'euros pour le ministère de la Culture. S'y ajoutent 500.000 euros de mécénat de compétence par le groupe Eiffage.

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Frédéric Mitterrand et Daniel Buren

Elles semblaient là depuis toujours et éternelles ces colonnes noires et blanches de différentes tailles. Mais l'œuvre de Daniel Buren, "Les deux plateaux" de son vrai nom, installée en 1986 dans la cour d'honneur du Palais Royal, sur un ancien parking, s'était sévèrement dégradée au fil des ans. Les dispositifs d'éclairage et la fontainerie ne fonctionnaient plus. "On était arrivé à un point de délabrement extrême", rappelle Daniel Buren. "La moitié de l'œuvre n'était plus dans son état de présentation optimale", selon lui. Alors en décembre 2007, le sculpteur avait laissé éclater sa colère, dénonçant un "vandalisme d'Etat" consistant à ses yeux à ne pas réparer son œuvre. "J'ai menacé de faire un procès pour défendre mon droit moral. Je demandais la destruction de l'œuvre si l'Etat estimait qu'il n'avait pas les moyens pour la restaurer". "J'étais prêt à aller jusqu'au bout", assure-t-il.

Des millions d'euros de réparation

Cela n'a pas été nécessaire car après cet éclat, la ministre de la Culture d'alors Christine Albanel avait décidé de donner un coup d'accélérateur aux travaux, déjà planifiés. Lancée en novembre 2008, la rénovation de cette œuvre a été conduite par le Service national des travaux. Le revêtement de surface (du simple asphalte) a été intégralement refait. Le réseau de circulation d'eau et le dispositif de fontainerie ont été entièrement repris. L'ensemble de l'installation électrique, mis hors d'usage par un court-circuit, a été rénové. Un nouveau dispositif d'éclairage, totalement encastré, a été mis en place en surface.

Le coût de l'opération, "toutes dépenses confondues", s'élève à 5,3 millions d'euros pour le ministère de la Culture, indique ce dernier. S'y ajoutent 500.000 euros de mécénat de compétence par le groupe Eiffage. "C'est vrai que c'est beaucoup plus cher que l'achat de la pièce qui avait coûté à l'Etat un peu plus d'un million d'euros", reconnaît Daniel Buren. Mais dans l'intervalle, l'œuvre a été classée monument historique, ce qui la protège mais rend les travaux plus coûteux, fait-il valoir. Daniel Buren n'est pas gêné que le public monte sur ses colonnes et se les approprie. "Lorsqu'on fait un travail de cet ordre, il faut accepter le fait que le public va le transformer", dit-il.

Une "inauguration" 23 ans après

Vilipendées au moment de leur installation il y a 23 ans au Palais Royal, les "Colonnes" de Daniel Buren ont fait l'objet pour la première fois vendredi 8 janvier d'une sorte d'"inauguration" officielle par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand à l'occasion de leur restauration. Car aussi incroyable que cela puisse paraître : "Lorsque l'œuvre avait été livrée au public en 1986, il n'y avait eu aucune cérémonie officielle", se souvient Buren. "Aujourd'hui, les gens ont peine à imaginer la vague de violences verbales, de colère et de haine" que cette œuvre avait déclenché à droite et dans certains journaux, raconte l'ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang, qui avait commandé l'œuvre en 1985, n'hésitant pas à affirmer que l'œuvre de Buren "est devenue emblématique de Paris".

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