C’est en grande pompe, avec la présence de Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale (ancien président du Conseil général de Seine-Saint-Denis), Bruno Léchevin, président de l’Ademe et de nombreux élus, qu’a été inaugurée le 11 février à la Chambre des métiers et de l’artisanat 93, la plateforme locale de la rénovation énergétique, Pass’Habitat 93.
Un événement d’autant plus important que le département accueillera en décembre prochain la Conférence pour le Climat (Cop 21) et que le potentiel de rénovation est important. Les chiffres suffisent à s’en convaincre : le territoire compte 615 000 logements, dont 200 000 en parc social, 200 000 copropriétés, 160 000 maisons individuelles et 40 000 micro-collectifs (moins de 5 logements) ; les 2/3 de ce parc sont construits avant 1975, donc avant toute réglementation thermique. « Le dispositif destiné aux propriétaires de maisons individuelles et de logement dans les petits collectifs vise à faire converger les attentes des particuliers propriétaires, souvent perdus lorsqu’ils veulent entreprendre des travaux de rénovation et les artisans, explique Anne d’Orazio, directrice de MVE, agence locale de l’énergie et du climat dans l’Est parisien ». L’idée est donc de structurer une offre cohérente et plus complète et de mobiliser les acteurs du département en s’appuyant sur les dispositifs existants de l’Ademe et de l’Anah.
Un accompagnement rénovation de A à Z
Pour ce faire, les ménages, propriétaires occupants ou propriétaires bailleurs seront accompagnés tout au long de leur parcours rénovation jusqu’à l’évaluation de l’efficacité des travaux réalisés et la proposition de prêts adaptés. « Nous sommes en train de mobiliser le réseau bancaire pour des offres spécifiques compétitives et de travailler sur des dispositifs de tiers financement », ajoute Anne d’Orazio. Un des points d’entrée reste le réseau des PRIS (Points Rénovation Info service) qui délivre conseils et oriente vers les parcours appropriés. Sur la base d’un état des lieux initial, Pass Habitat 93, en tant que service public territorial de la rénovation énergétique, prend en charge les propriétaires dans leur démarche à travers un cahier des charges, un dossier d’aide, un plan de financement, le lancement du chantier, le suivi qualité, l’évaluation et l’efficacité des travaux. Le dispositif permet même une assistance à maîtrise d’ouvrage confiée à des acteurs conventionnés par la plateforme.
La formation RGE en ligne de mire
En miroir, de ce soutien aux particuliers, Pass Habitat 93 interviendra en appui aux professionnels de la filière (PME, TPE, Artisans, conseils, architectes, bureaux d’études, services financiers…) avec l’objectif d’accélérer la montée en compétences des artisans et entreprises locales, facteur de création d’activité et d’emplois. Car là-aussi, il s’agit de créer de l’emploi dans un département où le chômage est important. Ce dispositif à destination des professionnels se traduit par plusieurs outils : guide de l’habitat durable en Seine-Saint-Denis, annuaire des professionnels, animation d’ateliers sur le thème, festival de la rénovation et portes ouvertes sur des chantiers terminés. Partenaire de la plateforme, la Chambre des métiers et de l’artisanat viendra renforcer la formation à la mention RGE. Des actions d’autant plus essentielles que près de 95% des 15 000 entreprises du BTP dans le département sont des TPE. « Aujourd’hui les artisans porteurs de ce signe de qualité sont au nombre de 1 600 en Ile-de-France, rappelle Bruno Léchevin, président de l’Ademe. Un chiffre insuffisant, mais on constate chaque jour qu’il s’est créé une dynamique autour de cette qualification ».
L’ensemble du dispositif sera porté par un site web (www.pass-habitat93.fr), ouvert courant avril. Ce dernier pourrait même héberger un suivi des consommations énergétiques avec la volonté d’établir un carnet de santé logement.
Massification et optimisation des opérations de rénovation
Grâce à sa plateforme, le département table sur un objectif de plus de 1 500 projets par an, à l’issue des trois premières années de la phase de déploiement et ainsi réduire les consommations énergétiques de ses habitants. Il a été estimé que ces derniers dépensaient en moyenne 1 500 euros par an en chauffage, ce qui représente, en ajoutant les frais énergétiques et de transports, un milliard d’euros consacré à l’énergie.
« On peut vivre avec 4% de déficit, mais pas 4°C de plus », a indiqué non sans humour et en guise de conclusion Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale, qui a ajouté que « nous ne sommes plus dans le temps du discours, mais de l’action ». A bon entendeur.
