Le feuilleton dure. Dans le cadre du Plan national de rénovation urbaine (PNRU) engagé à Perpignan, 13 logements avaient été détruits en juin dernier dans le quartier historique Saint-Jacques où réside une partie de la communauté gitane de la ville. Mais les travaux avaient été stoppés le 27 juillet, par une soixantaine d'habitants et de défenseurs du patrimoine, opposés à la démolition d'un nouvel îlot, place du Puig.
Dans la foulée, une médiation en préfecture avait abouti à l'arrêt provisoire du chantier, dans l'attente de réunions entre les différents protagonistes. La première s'est tenue ce mercredi 19 septembre, sous l'autorité du préfet Philippe Chopin. Si elle a bien réuni le maire de la ville, la présidente du conseil départemental 66, ainsi que des représentants de la communauté gitane, et des associations de riverains et de défense du patrimoine, elle a surtout donné lieu à trois heures d'échanges agités, chacun campant sur ses positions.
En secteur classé
Bilan ? Le département qui avait, un temps, proposé la réhabilitation de l'îlot par son office public, y a renoncé au vu du prix de revente annoncé des bâtiments (2 M €).
Toutefois, une prorogation de trois mois a été accordée pour que l'opération puisse bénéficier de la subvention de 360 000 € de l'Anah, arrivée à échéance. Par ailleurs, « la mise en place d'un groupe de travail sur l'urbanisme et d'un autre, sur le volet social ont été actés » relate Jean-Bernard Mathon, président de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine artistique et historique roussillonnais (ASPAHR).
L'association a aussi obtenu l'organisation d'une réunion technique avec un architecte des Bâtiments de France, pour étudier la faisabilité d'une reconstruction-réhabilitation. « Pourquoi ne pas y consacrer une partie des crédits du NPNRU ? » interroge Jean-Bernard Mathon, qui rappelle « la valeur historique et patrimoniale de ce quartier médiéval » et dénonce des projets qui vont à l'encontre du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV).
« Depuis 2015, sur l'ensemble du secteur classé, soit un périmètre de 100 hectares, 82 démolitions ont eu lieu. Certains immeubles étaient en catégorie 6 et n'ont pas été remplacés, une vingtaine étaient en catégorie 5 bis » affirme t-il. Ce que réfute le maire (LR) de Perpignan, Jean-Marc Pujol, qui ajoute avoir toujours respecté les procédures légales et l'avis des experts.
Entre PSMV et NPNRU
Reste que la révision du PSMV demandée par la mairie doit passer en commission nationale courant octobre. Pour servir les projets urbanistiques à venir ? « Ce secteur sauvegardé avait été créé par mon prédécesseur, en raison justement de la dégradation des conditions de vie, qui nécessitait d'aider financièrement les propriétaires à rénover leur patrimoine. Sans révision, les moyens classiques n’auraient pas pu permettre une réhabilitation des logements, à 40 % indignes ou vacants. »
La mairie peut-elle d'ailleurs renoncer à ces travaux alors que se profile le NPNRU ? De 2018 à 2024, 24 îlots du quartier Saint-Jacques soit 483 logements doivent être détruits. Le plan prévoit la construction de 92 logements sociaux, 92 logements libres et 52 logements conventionnés.
Le coût des travaux est estimé à 100 millions d'euros, subventionnés pour un quart par l’Anru. Outre le centre historique, sont aussi concernés : le Nouveau logis, le Champs de Mars et la Diagonale du Vernet. Enjeu ? Répondre aux manquements du premier programme (2005-2015).
Florence Jaroniak, à Perpignan