La Cité des électriciens de Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais) fait partie des premières cités minières construites pour héberger les mineurs et leurs familles. Bâtie entre 1856 et 1861, elle comportait quelques dizaines de logements regroupés en petites maisons mitoyennes, en bande, entre lesquelles s'étalaient les jardins potagers. Abandonnée depuis les années 1960 et en partie détruite, son classement au patrimoine mondial de l'Unesco en 2012 - après son inscription à l'inventaire des monuments historiques en 2009 - lui insuffle un dynamisme nouveau. Un concours est lancé, remporté par Philippe Prost en 2013. Il s'agissait d'attribuer à la cité de nouveaux usages, dans une perspective de revitalisation de l'ancien bassin minier. La cité est d'ailleurs classée par l'Unesco au titre de « Paysage culturel évolutif vivant ». Elle accueille désormais quatre résidences d'artistes, quatre gîtes, un espace culturel - le Centre d'interprétation de l'habitat et du paysage minier (communauté d'agglomération Béthune-Bruay, MO). En outre, une douzaine de logements sociaux ont été réhabilités par l'architecte Jennifer Didelon (Maisons et Cités, MO).
Monolithe de tuiles
Si les logements, gîtes et ateliers d'artistes prennent place dans les anciennes maisons - ainsi que dans les carins, ces petits édicules qui abritaient notamment des buanderies -, l'espace culturel occupe un bâtiment neuf, qui prend le même gabarit que celui des bâtiments existants en s'inscrivant dans la trame orthogonale du quartier. La forme iconique et familière du toit à deux pentes est conservée, mais s'exprime par une enveloppe monolithique de tuiles de parement vernissées, posée sur une ossature en bois et métal. Les refends transversaux se retrouvent sous la forme de failles verticales vitrées qui font entrer la lumière. Philippe Prost indique que, pour une forme et un volume bâti similaires, les matériaux mis en œuvre dans le bâtiment contemporain pèsent deux fois moins que ceux utilisés dans les bâtiments existants. Pour conserver l'aspect extérieur de ces derniers, l'isolation a été réalisée par l'intérieur, avec un matériau à base de toile de jeans recyclés produite localement.
