Afin de tenir le pari de l'excellence environnementale, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) s'est positionnée comme « un incubateur de technologies de rupture, et surtout comme un accélérateur de la généralisation de procédés encore émergents », rappelle Antoine du Souich, son directeur de la stratégie et de l'innovation. Pour réduire l'empreinte carbone du projet, elle a voulu massifier le recours au bois. Pari tenu puisqu'au total, 200 000 m² SP utilisent des ossatures bois en façade.
Un résultat obtenu grâce au travail et à la ténacité de toute la filière. « Dès que les concepteurs essayaient d'apporter de la diversité architecturale avec des revêtements différents, comme de l'enduit, du métal, des tuiles, de la céramique…, ou dépassaient le plafond des 28 m, comme c'est le cas sur la plupart des constructions du village olympique, nous sortions du cadre technico-réglementaire », rappelle Antoine du Souich. Pour ouvrir le champ des possibles, la Solidéo s'est rapprochée du CSTB et a collaboré avec Adivbois, France Bois 2024, Socotec mais aussi le Codifab et France Bois Forêt. Ensemble, ils ont réalisé de nombreux essais techniques dont les résultats sont rassemblés dans deux guides d'aide à la conception.
L'un porte sur les bardages en terre cuite et l'autre sur les procédés d'enduits sur isolation thermique extérieure (Etics), tous deux pour les constructions ou les façades à ossature bois (COB ou FOB) de bâtiments de moins de 50 m. « Sur la FOB, les principaux enjeux étaient de gérer la compatibilité des déformations entre la paroi-support et le revêtement afin de garantir les fonctions de clos-couvert », précise Eric Dibling, dirigeant et fondateur du cabinet de conseil en innovation Ingeneco Technologies, également animateur du Club des industriels Adivbois. Les éléments de doctrine produits ont permis aux constructeurs de valider 15 appréciations techniques d'expérimentation (Atex) en un temps record.
Passage à l'échelle. « Ces Atex de cas “ b“ sont reconnues sur les chantiers pour lesquels elles ont été spécifiquement menées. Pour autant, leur reproductibilité est facilitée par la proximité de leurs thématiques et leur instruction réalisée par un même comité d'experts », observe Eric Dibling. Pour transformer l'essai, Icade, puis Nexity, ont capitalisé sur ces travaux et ont engagé avec l'industriel Sto trois Atex de « cas a », qui permettent la réplicabilité du procédé sur d'autres chantiers. « Elles présentent l'originalité d'être utilisables par tous les autres maîtres d'ouvrage, de droit public comme de droit privé », insiste l'expert, qui a accompagné ces développements. De son côté, Bouygues Immobilier s'est engagé dans des démarches analogues d'Atex avec le même industriel pour ses propres besoins. La résidence de logements Iksso à Bordeaux (Gironde) en bénéficie. « Ces partenariats originaux permettent d'atteindre une masse critique suffisante pour que l'industriel soit en capacité de franchir la prochaine étape : l'avis technique », projette Eric Dibling.
Pour l'instant, la Solidéo et le CSTB ont entamé la mise à jour des guides à partir des retours d'expérience du village olympique. « Dans l'attente de l'évolution des référentiels, nous pouvons nous appuyer sur ces documents de référence pour accompagner et instruire des dossiers », constate Cédric Schneider, référent technique national sur les sujets de façade chez BTP Consultants. De quoi entraîner toute la filière et inscrire ces nouveautés dans la tradition constructive.
