«Au milieu des années 1980, le centre-ville de Birmingham était cerné par une autoroute et la ville était considérée comme la plus laide de Grande-Bretagne. De quoi faire fuir habitants et investisseurs ! » raconte Les Sparks, ancien directeur de la planification et de l’architecture de la ville. En 1984, le conseil municipal décide de lancer un programme d’action baptisé « vision for the city » en collaboration avec des urbanistes, des architectes et des « developers » (aménageurs et promoteurs immobiliers). Tous arrivent à la même conclusion : la deuxième ville du pays (2,5 millions d’habitants) doit cesser de tout miser sur l’industrie et tenter d’attirer de nouveaux secteurs d’activités dans les services et le tourisme.
Un objectif qui passe aussi par une transformation de l’aspect de la ville. Avec une opportunité : les terrains libérés progressivement par les activités industrielles en déclin, situés au-delà de l’autoroute entourant l’hypercentre. Une partie de cette infrastructure à quatre voies est donc démolie. « Comme aucun promoteur ne voulait prendre l’initiative, c’est la ville qui installe là de grands équipements publics, en espérant que ces derniers rendraient les terrains commercialisables », raconte Paul Tilsley, adjoint au maire de Birmingham.
Brindleyplace, nouveau quartier d’affaires. L’International convention center (ICC), palais des congrès de 27 000 m2 et le National Indoor Arena (NIA), l’un des plus grands complexes sportifs du pays (8 840 m2) sont donc construits dans les années 1990, pour une somme de près de 300 millions d’euros, financés à hauteur d’un tiers par les fonds structurels européens. Les terrains, valorisés par la présence de ces équipements, se vendent alors très vite et le quartier de Brindleyplace voit le jour, avec essentiellement des immeubles de bureaux, sur un plan-masse défini par la Ville, identifiant les îlots et la voirie. « De plus, chaque bâtiment devait être indépendant des autres de façon à faciliter les renouvellements urbains ultérieurs », précise Gary Taylor, directeur d’Argent, le fonds de pension propriétaire des terrains et des immeubles de Brindleyplace. Aujourd’hui, le quartier, véritable succès immobilier, affiche ses immeubles d’inspiration vénitienne en bordure des anciens canaux industriels.
La Ville continue la même démarche avec la rénovation du Bull Ring Market, un marché couvert datant des années 1960. « Les habitants ne se rendaient plus au centre-ville pour effectuer leurs achats. Le but était de les y ramener » explique Jon Emery, directeur du projet Bull Ring. Trois promoteurs (Henderson, Hammerson et Landsecurities) décident de s’associer au sein de Birmingham Alliance pour la reconstruction de ce site de 10,5 hectares, pour un montant de 760 millions d’euros, en un centre commercial contemporain, l’un des plus importants du pays. « Chacun d’entre nous a apporté un tiers des fonds et pris un tiers des risques. Et il nous a fallu apprendre à travailler ensemble », raconte Jon Emery. La Ville a donné le terrain à l’association de promoteurs, mais a imposé le plan de voirie et le libre accès de tous les espaces de circulation, y compris les passages couverts du centre commercial qui, pourtant, appartiennent à Birmingham Alliance. Le piéton passe ainsi d’une voie publique à un espace privé sans s’en rendre compte. Les promoteurs ont également pris en charge la rénovation de l’église Saint-Martin.
Reconversion de la Mail-box. Ouvert en 2003, le Bull Ring Market compte 110 000 m2 de surfaces commerciales et plus de 130 enseignes. Le bâtiment qui abrite le magasin Selfridges (Future Systems, architecte) est déjà devenu l’emblème de Birmingham avec ses volumes courbes revêtus de disques en aluminium.
Un autre projet important s’est achevé au début des années 2000 : la reconversion de la Mail-box, le principal centre de tri postal de Birmingham, réalisée avec l’appui de la Royal Bank of Scotland. Ce bâtiment en béton de 85 000 m2 n’était pas conçu pour accueillir du public. Le pari du promoteur immobilier, The Mailbox Limited, a été de le conserver – le démolir aurait été trop coûteux – et de le doubler d’une façade où domine le rouge, rappelant les boîtes aux lettres britanniques. Le bâtiment abrite désormais deux hôtels, 140 logements, l’antenne régionale de la BBC et 9 000 m2 de commerces de luxe.
La conquête de nouveaux quartiers : l’Eastside. Birmingham ne s’arrête pas là et commence la reconquête de sa partie Est, encore occupée par des friches. La Ville envisage d’en faire un quartier culturel. Ce renouvellement a commencé avec la construction en l’an 2000 du musée des sciences et techniques baptisés The Millenium Point. Un parc, la nouvelle bibliothèque, des logements étudiants devraient y prendre place à terme même si le programme exact n’est pas encore défini. La gare centrale (New Street) qui dessert tout le pays mais aussi la banlieue de Birmingham devrait, elle aussi, être complètement rénovée dans les années à venir.




