Réemploi : l’Ifpeb détaille les leviers du passage à l’échelle

Si le réemploi de matériaux fait partie des moyens de décarboner le bâtiment, son passage à l’échelle reste laborieux. Une étude menée par l’IFPEB montre que les avantages économiques sont insuffisants pour stimuler la demande, essentiellement déterminée par un avantage carbone, bien réel celui-là.

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L'étude menée par l'IFPEB et présentée par son directeur général, Christophe Rodriguez, à Bâtir pour le climat, montre que le réemploi revient 5% moins cher que le neuf bas de gamme et milieu de gamme.

Pour accélérer la pratique du réemploi, l’Institut français pour la performance du bâtiment (Ifpeb) et ses partenaires, A4MT, Cycle Up et Alliance Economie ont tenté de mieux comprendre son équation économique. Combien coûte le réemploi ? Quelle est la différence de prix entre un matériau neuf et un matériau remis en œuvre directement ou indirectement ? Comment massifier son recours ? Le résultat de ces travaux figure dans une étude détaillée par Christophe Rodriguez, directeur général de l’Ifpeb, à Bâtir pour le climat.

5% moins cher que le neuf

L’étude a été réalisée sur 21 flux de matériaux (briques pleines, charpentes métalliques, lavabos, plafonds suspendus, tuiles…) en considérant trois scénarios : neuf, réemploi direct et réemploi indirect – lorsque le matériau est acheté auprès d’une plateforme. Résultat ? « Le réemploi revient en moyenne 5% moins cher que l’achat de matériaux neufs bas de gamme ou milieu de gamme soit à peine de quoi couvrir les études nécessaires », indique Christophe Rodriguez, qui conclut : « Il n’y a pas de signal prix en faveur du réemploi ».

L'écart des gammes

La gamme des produits joue cependant un rôle considérable : « Le réemploi direct coûte en moyenne +13% par rapport au neuf bas de gamme, cet écart de coût n’est donc intrinsèquement pas incitatif voire décourageant », relève l’étude. Dans le cas de produits milieu de gamme, le réemploi revient 24% moins cher mais avec des écarts importants : ainsi la brique pleine revient près de 70 % plus cher en réemploi, 47% pour une charpente bois. Enfin, le réemploi devient très avantageux comparé à un  produit neuf haut de gamme puisqu’il revient 43% moins cher. 

Réduire les coûts du reconditionnement

L’étude a également mis en évidence ce que le directeur de l’Ifpeb appelle « la règle des 60% » : « 60% du coût d’un matériau neuf est exposé à la volatilité du prix des matières premières alors que 60% du coût du réemploi provient de la main d’œuvre ou de l’ingénierie », c’est-à-dire la dépose sélective, la qualification ou la pose. Les 40% restants sont liés au reconditionnement. Pour réduire ce poste décisif dans l’économie du réemploi, l’étude insiste sur la nécessité d’industrialiser la qualification des matériaux.

Flux faciles ou difficiles

« Pour commencer, il faut favoriser les flux faciles, issus de filières matures ou qui ne posent pas de contraintes particulières liées, par exemple, à l’acoustique ou à la sécurité incendie », indique Christophe Rodriguez. Pour des flux plus difficiles, les essais et les discussions avec le contrôleur technique devront être menés au plus tôt. La maîtrise des coûts de stockage est également un facteur clé : l’Ifpeb préconise un stockage maximal de six mois qui nécessite d’anticiper fortement la demande.

Des gains carbone importants

Face à ces difficultés, le critère numéro un du réemploi reste donc son impact environnemental. Son utilisation dans le logement permet d’éviter 20 kgCO2/m2 pour les flux faciles et jusqu’à 45 kgCO2/m2 pour les flux plus ambitieux. Dans le tertiaire, ce chiffre oscille entre 65 et 100 kgCO2/m2. « Cela peut représenter un tiers de l’impact carbone des matériaux », souligne Christophe Rodriguez. S’il reste encore du chemin, les filières disposent désormais d’un mode d'emploi.

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