Réemploi : des bureaux mettent la seconde main au premier rang

Attendu pour janvier 2024 à Toulouse (Haute-Garonne), le nouveau siège du constructeur-promoteur GA Smart Building a été conçu comme une vitrine de l'entreprise en matière de construction hors site, de qualité d'usage et de performance énergétique. Mais le bâtiment de 6 000 m2 , baptisé « New Gen », sera aussi un démonstrateur de ses savoir-faire en matière de réemploi, intégré depuis trois ans dans son offre. « Nous comptons déjà une dizaine de références, avec jusqu'à six catégories différentes de matériaux concernées, précise Hellen Belou, architecte et ingénieur construction durable chez GA Smart Building. Avec New Gen, nous espérons dépasser la dizaine de familles de produits représentées. »

« Lever les freins assurantiels ». Planchers techniques, moquettes, peintures, cloisons amovibles ou encore chemins de câbles et interrupteurs : le panel de matériaux est large et s'étend à des produits a priori sensibles en termes de sécurité, comme les garde-corps. Ce sont 100 m linéaires de garde-corps et 120 m linéaires de main courante extérieure que fournira prochainement la jeune société Metamo, spécialisée dans la collecte et la transformation des éléments de serrurerie. « Nous avons choisi d'associer des platines et des montants neufs aux barreaux issus d'un chantier de déconstruction, indique Simon Desrumaux, cofondateur de Metamo. Ainsi, nous levons certains freins, notamment assurantiels, tout en aboutissant à un produit composé à 75 % voire 80 % de matériaux de réemploi. » En cours de production dans l'atelier de Metamo à Colomiers, à l'ouest de Toulouse, les garde-corps ont fait l'objet de nombreux échanges avec l'équipe de conception de GA Smart Building pour s'approcher du design initialement envisagé par le constructeur. Idem pour les quelque 300 m2 de carrelages et faïences fournis par une autre jeune pousse locale, Maison Carrelle. « Il était initialement prévu de réaliser six blocs sanitaires avec les mêmes matériaux, ce qui s'est révélé impossible vu les stocks disponibles, témoigne sa fondatrice, Caroline René-Bazin. Nous avons pu adapter le projet et valoriser des quantités parfois réduites de carrelages, avec un travail de prescription qui a été bien accueilli par le maître d'ouvrage. »

Procédé chronophage. Ce travail collaboratif est piloté par Arthur Farre, directeur architecture & design chez GA Smart Building, qui ne cache pas les difficultés de l'exercice : « Le résultat d'un lot mené en réemploi peut largement être au niveau du neuf, mais c'est bien plus chronophage. Les disponibilités du stock de seconde main s'alignent rarement sur la temporalité de la conception : les décisions relatives aux finitions interviennent parfois un an avant l'exécution, ce qui demanderait de pouvoir identifier beaucoup plus tôt le gisement et d'anticiper son stockage. » Les plateformes peuvent constituer un levier pour fluidifier le référencement des matériaux disponibles : fin mai, le promoteur a lancé ses premières demandes de devis via le catalogue en ligne créé dans le cadre du programme Life Waste2Build, qui vise à massifier le réemploi dans l'agglomération toulousaine. « Cela implique d'associer à la démarche d'autres services de l'entreprise, à commencer par les achats et la production afin que tout le monde soit dans la même dynamique », pointe encore Arthur Farre.

Cas d'école du réemploi, la construction de New Gen doit permettre d'intégrer entre 5 et 10 % de matériaux de seconde main en valeur. Un niveau d'ambition encore rare sur le marché, qui explique que le projet bénéficie du statut d'opération pilote dans le cadre de deux programmes : l'expérimentation Life Waste2Build et le label Circolab, dédié à l'économie circulaire.