Aujourd'hui, il n'est plus question d'évacuer au plus vite l'eau de pluie vers les canalisations des réseaux collectifs. Il s'agit à la fois de maîtriser son rejet vers les systèmes d'assainissement, mis à mal par l'étalement de la ville, et d'économiser la ressource potable, nécessaire pour moins de 60 % des usages domestiques. En la matière, les retours sur expérience montrent qu'une surface de collecte suffisante permet de couvrir, grâce aux eaux récupérées, la plupart des besoins d'eau non potable.
Alimentation des toilettes, nettoyage des sols, lavage du linge. La palette d'usages de cette nouvelle ressource est longtemps restée en France cantonnée au stade expérimental, autorisée uniquement par procédures dérogatoires. Avec un peu de retard sur nos voisins, notamment d'Europe du Nord, la réglementation française a cependant fini par s'assouplir et s'adapter à ces nouveaux enjeux. Ainsi, l'arrêté du 21 août 2008 ouvre la porte aux dispositifs de récupération et de réutilisation de l'eau de pluie à l'intérieur du bâtiment. Cet assouplissement s'accompagne de conditions strictes, motivées par des précautions sanitaires : le double réseau équipé de disconnecteurs physiques est rendu obligatoire, pour éviter tout rejet dans les conduites d'eau potable. Autre dimension soulignée par ce texte, la nécessité d'une maintenance et d'un entretien réguliers, à la charge du propriétaire des installations : nettoyage annuel des filtres, vidange, nettoyage et désinfection de la cuve de stockage, carnet sanitaire, déclaration en mairie, comptage des volumes d'eau réutilisés.
Une ouverture prudente donc, qui s'accompagne, au regard de leur situation hydrique particulière, d'un dispositif plus volontaire dans les collectivités et régions d'outre-mer. Selon la loi de programmation Grenelle I, tout projet de construction neuve devra ainsi inclure un dispositif de récupération des eaux pluviales pour les usages sanitaires.
Paru dans le hors série Construire durable du 07/05/10