Reconvertir, recycler

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C’est désormais un fait acquis : dans les sociétés urbaines que l’on peut considérer comme matures – avec une faible croissance à la fois économique et démographique – la plupart des bâtiments auront plusieurs vies. Le stock de bâtiments existants qui n’ont plus d’usage est tel qu’il est urgent de penser à les réutiliser avant d’en construire de nouveaux. La reconversion, le recyclage, la transformation vont devenir des modes opératoires de plus en plus courants. C’est vrai en Allemagne où un grand nombre de villes perdent des habitants. Ce ne sont plus seulement les anciennes usines qui sont délaissées, mais aussi des écoles et des équipements publics. C’est aussi vrai en France, où, crise aidant, ce sont surtout les immeubles de bureaux obsolètes qui sont désaffectés. Rien qu’en Ile de France, on estime selon les sources qu’entre 4 et 5 millions de m2 de surfaces de bureaux sont vacants. Dans le même temps, on manque de plusieurs dizaines de milliers de logements et de terrains disponibles pour les construire ! On voit bien l’absurdité de la situation. Et on se demande pourquoi ne pas loger les gens dans les immeubles de bureaux abandonnés. En réalité, le mouvement est déjà lancé, surtout dans les secteurs dits « tendus » : à Paris intra-muros, depuis 2008, près de 200 000 m2 de bureaux ont été transformés en habitation, créant ainsi plus de 3 000 logements. C’est bien mais ce n’est pas assez. Le principal obstacle est économique. Reconvertir exige une adaptation aux contraintes de confort – luminosité, cloisonnements, distribution et volumes des espaces – et aux contraintes réglementaires – incendie, accessibilité, thermique. Au final, reconvertir coûte aussi cher – voire plus, selon l’état et la configuration du bâtiment existant – que construire du neuf. Pour une rentabilité moindre : sauf exception, les loyers des bureaux restent largement supérieurs à ceux des logements. Pour lever en partie l’obstacle, le projet de loi concernant le logement, adopté le 17 septembre en première lecture par l’Assemblée, permettrait notamment de surélever ou d’agrandir les bâtiments existants pour créer des m2 supplémentaires. Pour les architectes (cf. notre dossier p. 71), c’est l’occasion rêvée de sortir des logements banalisés imposés la plupart du temps par la promotion privée, pour offrir aux habitants plus d’espace, plus de hauteur sous plafond, des parties communes plus généreuses ou des distributions moins conventionnelles. De faire sortir enfin le logement de l’uniformité.

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