Si le sort de la halle Freyssinet dans le XIIIe arrondissement de Paris reste incertain, celui de la halle Pajol, autre fleuron de l’architecture industrielle parisienne, est désormais scellé. Cette ancienne gare de marchandises, construite au début du XXe siècle, sera reconvertie et accueillera équipements et activités. Il s’en est pourtant fallu de peu pour que ce vaisseau à ossature métallique, de 200 m de longueur, ne soit rasé : au début des années 90, un premier projet de ZAC prévoyait de bâtir sur le site un quartier de logements sociaux. La Ville abandonne ce projet en 2002 et confie à un aménageur, la Semaest, les études préalables à la restructuration de cette halle et de la messagerie qui la jouxte.
Espaces publics privilégiés. En 2004, une nouvelle ZAC est créée, avec un programme original qui réunit à l’intérieur de la halle des équipements de nature différente, publics et privés, et accorde une place prépondérante aux espaces publics sur un site relativement exigu : le cahier des charges prévoit en effet un espace vert d’un hectare sur un site qui en compte trois. Les architectes Jeanine Galiano et Philippe Simon, retenus à la suite d’une consultation, proposent d’en glisser une partie (2 800 m2) sous l’une des deux nefs de la halle. Cet espace public, à niveau avec la voie ferrée, deviendra un forum paysager ouvert – mais couvert – dédié à des manifestations culturelles et festives.
La seconde nef est au niveau de la rue Pajol, soit 4,5 m au-dessus de la première. Elle accueillera des activités en synergie avec le jardin : une auberge de jeunesse – équipement quasi absent à Paris –, une bibliothèque de quartier, des espaces mutualisés (salles de réunions, cafés, etc.). Ils seront en continuité visuelle et physique avec le forum paysager et contribueront à son animation.
La halle sera donc conservée dans sa quasi-totalité, seules quatre travées seront démolies. Le forum paysager sera prolongé, au nord par un jardin, et côté rue Pajol par une esplanade publique. « C’est la distribution urbaine qui fera le lien entre tous les éléments du programme », explique Jeanine Galiano. D’autres équipements et locaux d’enseignement viendront entourer la halle : un collège (consultation en cours) et un IUT dans l’ex-messagerie, un équipement sportif dans un nouveau bâtiment implanté à la place des travées démolies. Un immeuble d’activités complétera ce programme.
La halle devrait rayonner bien au-delà du quartier, comme le jardin de la cour du Maroc qui s’installera de l’autre côté des voies ferrées et le centre de création artistique et culturel qui prendra place dans les anciennes pompes funèbres de la rue d’Aubervilliers.
Cette reconversion requiert un montage juridique et technique complexe. En vertu de l’article 8 du Code des marchés publics qui autorise une collectivité à se grouper avec une maîtrise d’ouvrage privée, la Ville devrait s’associer avec la FUAJ (Fédération unie des auberges de jeunesse). La Semaest devrait faire partie du groupement chargé des travaux de consolidation de la halle et des locaux d’activités, et des espaces publics. « Il s’agit de mettre en place une maîtrise d’ouvrage unique pour une maîtrise d’œuvre unique, et éviter ainsi le découpage de la halle », explique Laurence Heurteur, chargée d’opération à la Semaest. Le concours de maîtrise d’œuvre devrait être lancé au premier semestre 2006.
