Rapport Duron : quelle place pour l’innovation ?

Le Conseil d’orientation des infrastructures a rendu son rapport à la ministre des Transports le 1er février. Sa mission : évaluer les besoins en termes de mobilité, étudier les projets de transports sur tout le territoire, les prioriser et trouver des pistes de financements. Avec un impératif : améliorer la mobilité du quotidien et fixer un cap en termes de modernisation et de maintenance des réseaux. « Le Moniteur » se penche cette semaine sur les principales thématiques de ce rapport. Dernier épisode de notre série : l’innovation au cœur des priorités.

 

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Le véhicule autonome devrait faire l'objet d'une attention particulière dans la future loi d'orientation sur les mobilités. Des expérimentations de navettes autonomes ont déjà lieu en France, comme ici à Lyon.

Pour penser les infrastructures à vingt ans, comme envisage de le faire la future loi d’orientation sur les mobilités, il sera nécessaire de laisser suffisamment de latitude pour intégrer les mutations et évolutions des usages. « Pour optimiser et adapter les projets », complétait Philippe Duron, président du Conseil d’orientation des infrastructures (COI) lors de la remise du rapport, le 1er février.

C’est pourquoi le COI considère que « l’innovation et l’expérimentation doivent être au cœur des priorités ». « L’Etat doit (les) susciter, (les) accompagner, (les) favoriser ». Mais aussi encadrer les pratiques émergentes. Il en appelle à une « relance rapide d’une stratégie de recherche-développement-expérimentation-généralisation très dynamique qui manque aujourd’hui », et qui doit desservir tout le territoire national.

200M€ par an pour l’innovation et l’expérimentation

En termes de moyens, le COI propose de mobiliser 200M€ par an pendant cinq ans pour accompagner les innovations. Dans le détail, 100M€ par an (soit 25 projets de 20M€ environ) pourraient être consacrés à la mise en place de nouveaux services « adaptés aux besoins de la population et des entreprises ».

Les 100M€ par an restants (un projet pilote au niveau national à 200M€ et 30 plus modestes de 10M€ environ) seraient destinés à accroître les connaissances, évaluer les enjeux sécuritaires, les modèles économiques et les comportements concernant le véhicule autonome.

Des pistes pour le réseau ferroviaire

Sur le réseau ferré, le conseil propose de privilégier les expérimentations de trains à hydrogène ou au gaz sur certaines lignes, moins coûteuses que leur électrification. Il prône aussi la mise en œuvre, « dans un délai d’un ou deux ans », d’un plan d’ensemble pour améliorer l’exploitation ferroviaire. Le but : remplacer « les coûteux et anciens systèmes de signalisation latérale par des systèmes embarqués », instaurer une méthode de modernisation de gestion des infrastructures.

Enfin, Philippe Duron évoque la possibilité de transformer les lignes ferroviaires les moins circulées pour tester de nouveaux usages. « Pourquoi pas en utiliser certaines pour organiser du transport à la demande grâce à des véhicules autonomes », cite-t-il en exemple.

Révision quinquennale des projets

Enfin, pour pouvoir être adaptés aux différentes évolutions technologiques et d’usages, les futures programmations proposées par l’Etat « doivent être réactualisée régulièrement, les résultats évalués, les objectifs revisités, énonce le COI. Il convient de pouvoir incorporer à chaque étape de nouveaux progrès ». Car la durée entre la prise de décision et la réalisation d’un projet peut être longue, et « se pose la question de la pertinence dans le temps des informations disponibles pour les décisions successives à prendre ». Le conseil suggère d'instaurer une révision quinquennale des projets, afin d’optimiser la dépense publique mais aussi d’installer des trajectoires « durables et soutenables ».

Toutes ces démarches ont un objectif : « garder le leadership de la France en matière de mobilité » avance Philippe Duron. Un message auquel la ministre des Transports, Elisabeth Borne, est sensible. Des initiatives ont déjà vu le jour dans le cadre des Assises de la mobilité. La première édition des prix French mobility a ainsi récompensée plusieurs innovations liées au service, un peu partout en France fin janvier. Dans la foulée, un appel à manifestation d'intérêt a été lancé, afin d'identifier des territoires volontaires pour accueillir des expérimentations. Le travail ne fait que commencer.

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