Les soubresauts de l’activité économique, c’est de loin que Rémy Montrieux, PDG et figure de la 5ème génération d’exploitants de la « maison » familiale Rairies Montrieux, les observe. Plus précisément depuis un village du Maine-et-Loire, les Rairies, « havre de paix et de prospérité » dans le marasme qui plombe le moral de plus d’un artisan français.
« Grâce à notre position d’outsider sur le marché des matériaux de façade en terre cuite, nous avons pu nous permettre une certaine agilité en fonction de l’offre de nos concurrents et de la demande de nos clients », reconnaît Rémy Montrieux. « Si je prends l’exemple de la période du Covid-19, nous avions conclu des contrats avant son déclenchement, ce qui nous a permis de maintenir des prix raisonnables au plus fort de la crise grâce à la sécurisation d’un grand nombre de projets. »
La « philosophie du sur mesure »
Plus récemment, la hausse des coûts de l’énergie ou encore la crise de la construction n’ont pas davantage impacté la marche en avant de l’ex-outsider devenu leader. Pour preuve : en 2024, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 19,6 millions d’euros. Pour fin 2025, franchir la barre des 20 millions est l’objectif affiché. A titre de comparaison, il y a pile 10 ans, juste avant le « virage » de la diversification opéré par le groupe, Rairies réalisait un chiffre d’affaires de quatre millions d’euros…
L’une des principales caractéristiques de Rairies, qui lui permet de se démarquer, réside dans sa « philosophie du sur mesure ». « Nous sommes un industriel sans le côté industrialisé qui s’y raccroche », développe Rémy Montrieux. « Nous ne faisons pas de produits standardisés, homogénéisés. Nous nous adaptons aux attentes des architectes, à leur perception et à leur vision de chaque projet développé. » Des projets qui, par l’intermédiaire des façadiers, chargés de la pose des produits conçus par Rairies, s’inscrivent dans une fourchette de temps de deux à trois ans, afin de mettre sur pied la façade la plus en adéquation avec les aspirations des maîtres d’œuvre.
Intemporalité de la terre cuite
La terre cuite, cœur de l’activité de l’entreprise du Maine-et-Loire, présente de nombreux atouts, entre autres celui de ne pas nécessiter d’entretien une fois sa pose effectuée. « C’est un produit intemporel, d’une durée de vie d’environ un siècle », détaille Olivier Laval, directeur commercial et produit. « Son entretien est quasi-nul, il n’y pas besoin de ravaler la façade tous les vingt ans comme c’est le cas pour du béton ou de la pierre. L’investissement est certes élevé initialement, mais il est largement amorti par la pérennité de l’ouvrage et les économies carbone qu’il permet. »
C’est l’autre argument plaidant en faveur de la terre cuite : son bilan carbone. « Notre FDES (fiche de déclaration environnementale et sanitaire) est plus qu’intéressante, avec une réduction au maximum des énergies fossiles grâce à un échange thermique entre zone de chaud et zone de froid que nous avons mis en place dans notre usine », poursuit Olivier Laval. D’ailleurs, la réglementation environnementale toujours plus rigoureuse est favorable à leur activité. Tout comme l’essor de l’ossature bois. « La terre cuite en façade permet d’amener de l’inertie, du poids à une structure bois très légère et de faible densité », explique Olivier Laval. Une complémentarité bienvenue.
Casser les codes
Enfin, Rémi Montrieux tient à rappeler le virage opéré par le groupe au détour des années 2010, lorsque l’ancien carreleur a décidé de diversifier son activité en se lançant dans la conception de façades. « Notre expertise dans la fabrication de tommettes en argile pour les salles de bains nous confère un sens artisanal du détail et, j’en reviens encore, du sur mesure, très appréciés des maîtres d’œuvre. » Du sur mesure qui passe par un travail accru sur les formes, les colories, les reliefs. « Nous cassons le côté trop lisse, trop clean des façades, en y apportant quelque chose de réellement différenciant », conclut le patron. Avec un succès avéré.