Est-ce que les équipements énergétiques que l’industrie produit actuellement seront adaptés à nos besoins dans 10 ans ? Dans le cas contraire, comment faudra-t-il les faire évoluer ? « Telles sont les questions qui ont motivé le lancement de l’étude que nous avons réalisée avec GDF-Suez sur les perspectives d’évolution des systèmes énergétiques dans le résidentiel et le tertiaire à l’horizon 2020 », explique Jean-Paul Ouin, délégué général d’Uniclima (Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques).
Mené depuis 2009, ce travail baptisé « roadmap technologique » vise à servir de guide aux fabricants dans leur démarche R&D. Mais il a aussi pour objectif de sensibiliser les pouvoirs publics aux préoccupations du secteur alors que la RT2012 vient de se mettre en place et que l’on parle déjà de la prochaine réglementation thermique. Les deux partenaires entendent en effet profiter de cette étude pour pointer les catégories de produits qui, selon eux, mériteraient (ou pas) d’être soutenus par les dispositifs en faveur de l’innovation.
Plus précisément, ce n’est pas un mais deux « roadmaps technologiques » qui ont été présentés sous forme de graphes, l’un couvrant le résidentiel neuf et l’autre le tertiaire (bureaux, commerces, hôtellerie/hébergement, bâtiments d’enseignement). Concernant le résidentiel, Philippe Haïm, chargé de mission efficacité énergétique chez GDF-Suez, confirme sans surprise l’arrêt à court terme des chaudières basse température. Principal bénéficiaire : les chaudières à condensation, dont les performances vont légèrement augmenter dans les années à venir. Une amélioration des rendements qui va aussi concerner les pompes à chaleur (PAC) électriques. Aujourd’hui matures ou en passe de l’être, les PAC moteur gaz ou à absorption gaz devraient également progresser, de même que les chaudières hybrides.
Percée des chaudières hybrides
« Associant une chaudière et une PAC, les chaudières hybrides ont l’intérêt de mettre à disposition de l’utilisateur un équipement performant quelle que soit la saison, alors qu’une PAC seule fonctionnerait moins bien par grand froid », précise Philippe Haïm. Pour les chaudières seules, ce dernier se félicite par ailleurs de l’arrivée de matériels dotés d’une capacité de modulation de plus en plus grande afin de mieux s’adapter aux besoins de chauffage limités des maisons BBC et RT2012. « De 12 ou 24 kW de puissance nominale, on peut maintenant descendre à seulement 800 W dans certains cas. »
Toujours dans le résidentiel neuf, l’étude prévoit une montée en puissance de la pile à combustible (gaz), « un système de production de chaleur et d’électricité déjà bien installé au Japon ». Elle prévoit aussi le développement de la mini et micro-cogénération domestique, « capable de produire de l’électricité en même temps que le chauffage et à même de réduire le phénomène de pointe de consommation électrique. » Le roadmap prédit enfin un succès croissant pour les offres couplant plusieurs énergies renouvelables. Avec toutefois, dans ce cas, l’obstacle que pourrait constituer pour les installateurs le passage d’une simple logique de régulation au pilotage, beaucoup plus complexe, d’un système multi-énergies.

Parmi les évolutions notables touchant le segment du tertiaire, GDF-Suez et Uniclima anticipent l’émergence de PAC à absorption caractérisées par des rendements très intéressants. L’étude souligne par ailleurs que le changement à venir des fluides frigorigènes - en raison d’une directive européenne - aura pour conséquence de faire évoluer l’offre des constructeurs, mais sans qu’on puisse vraiment en préciser aujourd’hui les contours. Pour ce qui est du bois, la filière s’attend à la disparition à court terme des chaudières à bûches et à leur remplacement par des chaudière à granulés ou plaquettes. Quant à l’avenir de la climatisation solaire, dont les mérites sont vantés depuis déjà une vingtaine d’années, les experts interrogés n’ont ont pas su dire si elle allait, ou pas, se développer…