Les caractéristiques morphologiques des fibres d’amiante, avec leur structure en faisceau constituée d’une multitude de fibres ou fibrilles de diamètre largement inférieur au μm, favorisent la pénétration au plus profond de l’appareil respiratoire, jusque dans les alvéoles pulmonaires. Là, bien que l’organisme dispose d’un arsenal de défenses visant à la destruction des corps étrangers, ces moyens se révèlent le plus souvent inefficaces contre les fibres d’amiante. Elles sont chimiquement très résistantes, ce qui limite leur destruction ; leur longueur même et leur caractère flexueux les rendent physiquement trop grandes pour pouvoir être éliminées par les cellules macrophages.
REMARQUE
L’Anses, dans son rapport de décembre 2015, considère que les particules minérales allongées (PMA) sont à considérer comme aussi néfastes que les fibres d’amiante.
Leur biopersistance, c’est-à-dire leur capacité à ne pas être détruites par les défenses de l’organisme, conduit au développement de réactions inflammatoires localisées, qui peuvent induire des pathologies spécifiques, souvent mortelles.
> Où se trouve l'amiante dans les bâtiments ?
Maladies liées à l’amiante
Asbestose
Il s’agit d’une fibrose pulmonaire interstitielle diffuse qui apparaît après des expositions relativement importantes. Son temps de latence est compris entre 5 et 10 ans, après le début d’une exposition relativement importante. Elle provoque une sclérose du tissu pulmonaire et se caractérise par des troubles fonctionnels de la respiration, tels que des bronchites chroniques, une insuffisance respiratoire ou même cardiaque grave, dont l’issue est généralement mortelle. Il n’existe pas de traitement capable de faire diminuer ou stopper le processus.
L’asbestose a été décrite dès 1927. Elle relève du tableau n° 30 des maladies professionnelles figurant en annexe II du Code de la sécurité sociale. Ce dernier liste les affections professionnelles consécutives à l’inhalation des fibres d’amiante et énumère pour chacune d’elles les principaux travaux susceptibles de les provoquer. L’inscription de cette maladie y date de 1947.
Cette pathologie touchait principalement les salariés de l’industrie de l’amiante ainsi que les personnes ayant réalisé des flocages ou des calorifugeages dans les bâtiments ou sur les navires.
Plaques pleurales
Certaines personnes ayant inhalé des fibres d’amiante sont sujettes à l’apparition de lésions pleurales bénignes ; elles se manifestent par des épaississements de la plèvre, souvent faiblement invalidants, mais pouvant entraîner une diminution des capacités respiratoires. Le temps de latence est estimé entre 10 et 30 ans après la première exposition. Fort heureusement, les études scientifiques menées sur les patients atteints ont révélé l’absence d’évolutivité en mésothéliome ou en cancer bronchopulmonaire.
Maladies malignes
Deux types de maladies malignes résultent d’une exposition prolongée à l’amiante : les mésothéliomes et les cancers bronchopulmonaires.
- Mésothéliome
Comme l’asbestose, le mésothéliome est une pathologie spécifique de l’exposition à l’amiante. Il n’est pas connu, a priori, d’autres facteurs susceptibles de le déclencher.
Le mésothéliome est une tumeur grave qui atteint soit la plèvre (feuillet qui entoure les poumons), soit la cavité péritonéale (le péritoine étant la membrane qui tapisse l’abdomen et soutient les organes), soit plus rarement le péricarde. Cette tumeur est directement liée à la durée de l’exposition, mais d’autres facteurs tels que l’âge d’apparition de la maladie, la nature des fibres et le niveau d’exposition, entrent également en ligne de compte. Le temps de latence peut varier entre 35 et 55 ans. Quant au taux de survie, deux ans après le diagnostic, il s’avère très faible (tableau 2.2).
Les premiers éléments relatifs à l’existence d’un risque de mésothéliome associé à une exposition à l’amiante datent de 1960.
Cette forme de cancer relève également du tableau n° 30 des maladies professionnelles. Les symptômes se manifestent par des douleurs thoraciques et des signes plus généraux d’affections comme un amaigrissement, de la fièvre, etc.
REMARQUE
À l’heure actuelle, les mésothéliomes suscitent beaucoup d’inquiétude auprès des autorités sanitaires, dans la mesure où ils seraient susceptibles d’apparaître même pour des expositions à des concentrations relativement faibles, mais pendant des périodes d’expositions passives plus ou moins longues. Cependant, un décès par mésothéliome consécutif à des expositions passives dans des locaux renfermant des matériaux contenant de l’amiante est extrêmement rare (cas de cinq chercheurs du campus de Jussieu) ; en outre, jusqu’à aujourd’hui, aucun mésothéliome affectant des occupants de logements contenant de l’amiante – sous forme de dalles de sol par exemple – n’a été signalé en France.
D’après la dernière étude publiée en 2012 par l’Institut de veille sanitaire (InVS), il semblerait que le pic de mortalité par mésothéliome aurait déjà été atteint en France au début des années 2000. Puis, le niveau aurait sensiblement diminué suite à la mise en place d’une politique intensive de prévention et de contrôle. Selon les projections, il devrait se stabiliser vers 2030 au même niveau que celui atteint à la fin des années 1970.
- Cancer bronchopulmonaire
À la différence de l’asbestose et du mésothéliome, le cancer bronchopulmonaire n’est absolument pas symptomatique d’une exposition à l’amiante. En effet, de nombreuses substances sont capables, seules ou par synergie, de déclencher l’apparition de cette maladie. Toutefois, il est connu que le tabagisme constitue un facteur aggravant, et donc qu’il augmente les probabilités de développement de ce cancer.
Le temps de latence se situe entre 20 et 30 ans. Le taux de survie, cinq ans après le diagnostic, est, quant à lui, estimé entre 5 et 10 %.
Le premier rapport suggérant l’existence d’un lien entre exposition à l’amiante et risque de cancer du poumon date de 1935.
Ce type de cancer relève du tableau n° 30 bis des maladies professionnelles du Code de la sécurité sociale, à condition de pouvoir justifier d’une exposition professionnelle d’au moins 10 ans. De fait, un cancer dont l’origine serait plus vraisemblablement liée à des habitudes tabagiques ne sera pas indemnisé à ce titre.
D’après l’Institut national du cancer (INCa), l’estimation basse de la fraction des cancers du poumon attribuables à l’amiante est de 13 % ; ainsi, le nombre de décès provoqués par des cancers bronchopulmonaires attribuables à l’amiante est de l’ordre du double de celui des décès par mésothéliome.