En effet, rappelle Jérôme Gatier, Directeur du comité stratégique du Plan Bâtiment Grenelle, les normes à venir en neuf comme en rénovation, insistent sur la qualité de l'enveloppe (fenêtre, isolation, étanchéité à l'air). Dès lors, le chauffage ne sera plus qu'un tout petit consommateur d'énergie derrière l'eau chaude sanitaire, la ventilation et les appareillages électriques (lumière, ordinateur, électroménager,...).
Pour Louis-Jacques Urvoas, Directeur marketing stratégique EDF Commerce, cette modification aura des conséquences particulièrement importantes sur le choix des systèmes de chauffage. "Les fonctions ventilation, santé et confort thermique prennent de l'importance. Et les systèmes intelligents (smart home ou domotique) deviennent nécessaires pour optimiser et réguler la production de chauffage".
Concrètement pour le particulier qui veut rénover sa maison, constate Sofia de Alburquerque Bernard, responsable du site internet grand public www.economiedenergie.fr, cela implique d'engager un bouquet de travaux qui touche l'isolation, les fenêtres puis le chauffage, les énergies renouvelables et la ventilation. Il doit faire intervenir plusieurs spécialités du bâtiment. "Peu d'interlocuteurs proposent une solution globale pour réduire la facture énergétique", constate-t-elle. "Du coup, le consommateur est perdu face à une multiplication de propositions".
Donc, les professionnels doivent transformer leur pratique, rompre avec les frontières des corps de métiers pour adopter une approche globale du bâtiment et plus se contenter de changer une chaudière. "Les distributeurs de fioul mobilisent l'ensemble de la filière du chauffage, industriels, grossistes et artisans, dans cet optique" insiste Marcel Dugravot, président de Chauffage-Fioul.
Complexe pour les particuliers, la nouvelle approche des choix des systèmes de chauffage l'est tout autant pour la maîtrise d'ouvrage professionnelle. Pour les producteurs de chaleur, tel que Cofely, il faut non seulement accompagner dans leur choix, les collectivités et les offices de l'habitat mais en outre, il est nécessaire d'assurer la coordination des travaux et de s'engager sur les résultats quitte à "supporter la charge financière de la sous performance", pour reprendre l'expression de Jean Roland, Directeur technique, innovation et performance de la filiale du Groupe GDF-Suez.
Ces nouvelles pratiques professionnelles vont mettre des années à être adopter par les 4 millions d'acteurs du Bâtiment, estime Jérôme Gatier. Aussi, "l'Ademe ne se contente pas de soutenir la recherche, de promouvoir des solutions techniques", précise Pierre-Yves Appert, Directeur Villes et Territoires Durables au sein de l'agence. "Elle vient également soutenir les actions de formations des professionnels (FEEBAT), les réseaux d'informations de proximité (les BEEP) et les organismes de qualification et de certification des entreprises".