Les boiseries de l’abbaye cistercienne de Fontfroide (Aude) seront bientôt à l’abri des termites. Une campagne de lutte engagée fin février devrait permettre d’éliminer en quelques mois la colonie qui a signalé sa présence dans trois pièces du bâtiment. Les propriétaires du site ont opté pour le procédé « Sentri Tech », développé depuis une dizaine d’années en France par la division Agrosciences de Dow Chemical. Le principe : une molécule bloquant la mue des insectes, l’hexaflumuron, est diffusée au sein de la termitière grâce à des appâts disposés sur les voies de passage. « Cette technique a l’avantage d’éliminer effectivement les insectes, alors que le traitement chimique traditionnel ne fait que les repousser », souligne Jean Bouzat, dirigeant de l’entreprise Bouzat, applicateur agréé du procédé Sentri Tech.
A Fontfroide, le corps de bâtiment infesté a d’abord été ceinturé par une dizaine de « stations de travail », des boîtiers enterrés contenant un appât en bois. Cet appât neutre est remplacé par un appât actif dès lors qu’une activité colonisatrice est constatée. A l’intérieur du bâtiment, d’autres stations contenant des molécules actives ont été placées sur les « cordonnets », cheminements formés sur les murs par les termites. Des visites toutes les six semaines permettent de mesurer l’activité des xylophages et de remplacer les appâts consommés. La colonie est éliminée en six à douze mois. Au-delà de cette phase curative, une surveillance peut être effectuée, sans limite de temps, via des appâts neutres placés dans les stations extérieures. La lutte par pièges insecticides, introduite en France par Dow Agrosciences, fait jeu égal avec les procédés par barrières chimiques. « Les courbes se sont croisées l’an dernier, témoigne Marc Jequel, chef du laboratoire de biologie à l’institut technologique FCBA (Forêt cellulose bois-construction ameublement)*. La lutte par pièges (trois offres sur le marché) devrait continuer à progresser. Mais le traitement chimique reste efficace, notamment en rénovation. Les deux techniques sont différentes : l’une protège le bâtiment de manière pérenne, l’autre élimine la colonie mais impose une surveillance après traitement. »


