Le Havre est le premier port touché par les navires sur l'axe le plus fréquenté au monde : le corridor Manche-mer du Nord (25 % du trafic mondial). Contrairement à Rouen, port d'estuaire, Le Havre est un port de pleine mer, accessible 24 h sur 24, sans contrainte de marée, donc sans perte de temps.
A l'import, c'est au Havre que les conteneurs (un trafic qui croît de 7 % l'an) venant d'Amérique du Nord ou d'Extrême-Orient sont débarqués, avec un à deux jours d'avance sur les concurrents du « Range Nord », Anvers ou Rotterdam.
A l'export, Le Havre est également la dernière station d'approvisionnement avant de gagner l'océan, ce qui permet aux armateurs de compléter leurs cargaisons jusqu'au dernier moment.
Trafic conteneurs : vers 9 ou 10 % du marché
Le point fort du bilan 1996, qui globalement a progressé de 4,3 % avec 56,6 millions de tonnes, a été le passage du millionième conteneur (voir encadré), le trafic le plus rémunérateur. « Sur le Range Nord, Le Havre détient une part de marché de 7,5 % ; notre objectif est de passer à 9 % ou 10 % d'ici à 2001 », a déclaré le 23 janvier à Paris, André Graillot, le directeur général du port. Si cette part de marché est modeste, comparée à celle de Rotterdam (35,6 %), d'Anvers (18,9 %) ou de Hambourg (22,5 %), la progression constatée au Havre ( + 16,8 % l'an passé) est la plus forte des six ports en concurrence sur cet axe. Par ailleurs, les 2 millions de tonnes supplémentaires enregistrées sur les vracs ont permis au port de dégager de bonnes marges. Au total, l'exercice 1996 se soldera par un chiffre d'affaires de 850 millions de francs et un bénéfice de 15 ou 20 millions de francs.
La stratégie des dirigeants du port autonome du Havre consiste donc à tirer le meilleur parti possible de cette position géographique en améliorant, grâce à la création de liaisons est-ouest, les dessertes terrestres pour mieux desservir l'hinterland français et européen. Mais aussi en améliorant l'accessibilité du port : et c'est tout l'enjeu du projet « Port 2000 » qui prévoit la création d'un terminal, accessible par tous temps, pour les navires conteneurs. « Pour ce faire, il faut, dans une première étape (avant 2001), mettre en service un premier quai de 700 m de longueur utile, longueur qui sera doublée dans les trois années suivantes pour un coût total de l'ordre de 1 milliard de francs », poursuit André Graillot.
Pour l'heure, Le Havre fait l'objet d'une procédure de DTA (directive territoriale d'aménagement) et la commission du débat public ne s'est pas encore réunie. L'Etat devra trancher la querelle entre Haute et Basse-Normandie, entre Deauville qui souhaite le statu quo et Le Havre qui joue le développement économique. Les dirigeants du Havre tablent sur une prise en considération du dossier d'enquête publique fin 1997, un début des opérations en 1999 et une mise en service en 2001.
Côté infrastructures routières, outre les ouvertures à l'ouest via les RN 31 (Rouen-Beauvais) et 154 (Rouen-Orléans-Vierzon), il est indispensable de rattacher, d'ici à l'an 2000, le port à l'A29 pour l'ouvrir vers l'Est (axe Amiens-Saint-Quentin puis Reims), « ce qui procurera un gain de 40 % par rapport aux 5 heures qu'il faut pour aller du Havre à Lille ». Mais c'est surtout l'amélioration des liaisons lourdes ferroviaires, qui intéresse Le Havre. Le port étudie, avec la SNCF, un réseau fret dédié aux longues distances sur la base d'un service de navettes lourdes desservant l'Europe.
Dans le cadre de « Port 2000 », « nous avons prévu un terminal ferroviaire situé à moins de 1 km des quais avec des trains longs de 2 km au lieu de 750 m aujourd'hui », conclut le directeur du port.
LES RESULTATS 1996
Navires (en nombre) : 13 780 ( - 5,7 %).
Passagers (en nombre) : 1,038 million ( - 4,1 %).
Conteneurs : 1 020 millions ( + 5,1 %).
Marchandises (en millions de tonnes) : 56,6 ( + 4,3 %).
-Liquides en vrac : 37,9 ( + 4,7 %).
-Solides en vrac : 4,6 ( + 15,8 %).
-Marchandises diverses : 13,6 ( + 0,3 %).
Investissements 1997 : 183 millions ( travaux neufs) et 82 millions (entretien).
PHOTO : Premier port de France pour le trafic conteneurs (avec 56% du total), Le Havre veut devenir un des trois grands ports européens capables d'accueillir les super-cargos de demain.