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Port-la-Nouvelle : le port poursuit sa transition à pas de géant

Dans l’Aude, l’avenir du troisième port français méditerranéen sort littéralement de terre. Sa surface globale va passer de 60 à 210 hectares au profit de l’éolien offshore, de la production-distribution d’hydrogène et de l’intermodalité. Ces travaux ont fait l’objet d’un point d’étape le 4 décembre.

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Le port de Port-la-Nouvelle
Les aménagements visant à transformer Port-la-Nouvelle en port de la transition énergétique représentent des investissements cumulés de plus de 700 millions d’euros. Soit le plus grand investissement portuaire engagé en France depuis "Port 2000" au Havre.

Rien de tel qu’une visite sur le terrain pour mesurer l’avancée d’un chantier. Convié à découvrir celui du port de Port-la-Nouvelle, le 4 décembre dans l’Aude, Mathieu Grosch, coordinateur du réseau transeuropéen de transport RTE-T pour la Commission européenne, n’aura pas été déçu. Et pour cause. « Nous avons investi 350 millions d’euros hors taxes dans les travaux d’infrastructures en cours, 80 % de cette enveloppe étant déjà consommés » a annoncé Hans Kerstens, P-DG de la Semop Port-La Nouvelle, concessionnaire du port réunissant des acteurs publics (région et Caisse des dépôts) et un consortium d’opérateurs privés.

Une première phase (250 millions d’euros), sous maîtrise d’ouvrage de la région Occitanie, avait déjà permis de livrer, en 2023, deux digues et un quai colis lourd adossé à un terre-plein de 7 hectares que se partagent actuellement deux projets pilotes d’éolien offshore : EolMed (Qair/Total) et EFGL (Ocean Winds). « Ces six éoliennes de 10 MW produiront leurs premiers kilowatts d’ici fin 2025. Par ailleurs, nous avons remblayé 23 hectares pour augmenter la superficie du terre-plein initial et, dans deux ans, un môle vert de 40 hectares dédié aux énergies marines renouvelables sera prêt à recevoir l’AO6, l’AO9 et tous les autres projets commerciaux » a poursuivi Hans Kerstens.

Port-la-Nouvelle - un terre-plein de 7 ha accueille les projets de fermes pilotes éoliennes flottantes EolMed et EFGL
Port-la-Nouvelle - un terre-plein de 7 ha accueille les projets de fermes pilotes éoliennes flottantes EolMed et EFGL Port-la-Nouvelle - un terre-plein de 7 ha accueille les projets de fermes pilotes éoliennes flottantes EolMed et EFGL

Un terre-plein de 7 ha accueille actuellement les deux projets de fermes pilotes éoliennes flottantes EolMed et Les Eoliennes flottantes du golfe du Lion (assemblage, mise à l’eau et intégration de la turbine). © Florence Jaroniak

Aménagements portuaires et parc logistique

Ce hub pour l’éolien flottant se double d’un hub équivalent pour l’hydrogène. Soixante-dix hectares sont réservés à l’accueil d’entreprises, notamment de cette filière, dans une zone d’activité logistique aménagée au nord-ouest. A commencer par Qair France qui achèvera, fin 2025, la construction d’Hyd’Occ, une usine de production d’hydrogène vert d’une capacité estimée à 6 000 t/an à l’horizon 2035-2040 (Eiffage Génie civil associé à Razel-Bec Roussillon, 60 millions d’euros).

S’ajoute à ces réalisations, la livraison, en 2025, d’un terre-plein pour le vrac sec et d’une jetée pour le vrac liquide afin de redynamiser ces activités portuaires, dans un nouveau bassin dragué à -16 mètres. Le rail participera lui aussi à cette dynamique. Pour l’heure, l’infrastructure ferroviaire portuaire limite l’usage des trains à une longueur de 450 mètres. Or, le volume de fret, qui a déjà augmenté de 10 % en un an sur ce réseau interne de 3,8 km, devrait encore croître avec les nouveaux flux générés par l’extension du port. C’est pourquoi la région finance l’ajout de 4,5 km de voies accessibles aux trains longs. Les travaux devraient avoisiner une quinzaine de millions d’euros pour la première phase (lancement des marchés sous maîtrise d’œuvre de Systra l’an prochain pour une livraison en 2026).

Le phasage du développement

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Intégration au RTE-T

« Alors que les ports français restent axés sur les flux de marchandises et de passagers, nous voulions montrer à la Commission européenne que nous avons réussi à inscrire Port-la-Nouvelle dans cette dynamique des ports du nord de l’Europe sur les questions énergétiques et d’intermodalité. Et que finaliser la liaison ferroviaire entre Montpellier et Perpignan pour se raccorder aux réseaux à grande vitesse de la péninsule ibérique favorisera, à terme, le développement du fret ferroviaire du port en alliant décarbonation des transports et des énergies » a résumé Carole Delga, présidente de la région Occitanie, qui participait dans la foulée à une réunion du conseil d’administration de la Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP).

Port-le-Nouvelle - Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a accueilli Mathieu Grosch, le coordinateur du corridor méditerranéen RTE-T pour la Commission européenne, le 4 décembre 2024
Port-le-Nouvelle - Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a accueilli Mathieu Grosch, le coordinateur du corridor méditerranéen RTE-T pour la Commission européenne, le 4 décembre 2024 Port-le-Nouvelle - Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a accueilli Mathieu Grosch, le coordinateur du corridor méditerranéen RTE-T pour la Commission européenne, le 4 décembre 2024

Carole Delga (à droite de l’image), présidente de la région Occitanie, a accueilli Mathieu Grosch (à ses côtés), coordinateur du corridor méditerranéen RTE-T pour la Commission européenne, venu visiter les aménagements portuaires réalisés. © Florence Jaroniak

La région et la Semop PLN souhaitent ainsi faire entrer le port dans le réseau transeuropéen de transport, au vu de sa contribution à la diversification des approvisionnements énergétiques de l’Union européenne, et au déploiement des énergies renouvelables. Message reçu par Mathieu Grosch. Epaté par « le rythme extraordinaire de développement » du port audois, le coordinateur du RTE-T a déclaré : « Alors que les ports restent classés selon des critères quantitatifs, Port-la-Nouvelle offre une qualité d’avenir qui n’est pas suffisamment prise en considération. C’est un message que je compte transmettre très clairement à la Commission européenne. »

Une plaque tournante pour l’hydrogène

En novembre dernier, la société norvégienne Höegh Evi, leader mondial des solutions d’infrastructures d’énergie marine, a signé un protocole d’accord avec la Semop PLN pour développer un terminal flottant d’importation d’hydrogène à Port-la-Nouvelle. Soutenu par HySoW Hydrogen et l’opérateur de gazoducs Teréga, le futur terminal permettra d’importer jusqu’à 210 000 tonnes d’hydrogène par an dès 2030, en fonction de l’état d’avancement du gazoduc d’hydrogène français. Les partenaires mènent actuellement des études sur la faisabilité et la conception de cette infrastructure.

Port-la-Nouvelle - la drague HydromerFinancée par la région, la drague Hydromer, fonctionnant avec de l’hydrogène assure l’entretien courant des bassins portuaires. © Florence Jaroniak

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