Que pensez-vous des premiers travaux rendus par les dix équipes sur l’avenir du Paris métropolitain ?
Ces premiers travaux montrent qu’à côté de Paris intra-muros, la banlieue compte aussi, qu’elle n’est pas que chaos et handicap, mais qu’elle peut être source de créativité, de vraie vie. Jean Nouvel estime ainsi que « les inclus de Paris intra-muros sont les exclus de la mixité et du vivre ensemble ». Par ailleurs, aucune équipe ne préconise un scénario d’extension radiocentrique de Paris. Certains architectes parlent de polycentralité, d’autres de rhizomes ou de nébuleuses, Paul Chemetov, président du conseil scientifique de la consultation, défend pour sa part la multipolarité. Tout ceci est plutôt positif par rapport aux arguments que nous défendons au sein de la Conférence métropolitaine.
Sur quels points n’avez-vous pas été entendu ?
J’ai surtout regardé les propositions de l’équipe de Jean Nouvel, qui, le 16 janvier, était mon équipe « référente ». Dans les schémas présentés, on voit se dessiner trois pôles : autour de Roissy, du Bourget et de Gennevilliers. Même si ces schémas ne doivent pas être pris comme un dessin finalisé, j’ai quand même quelques craintes. D’autant que Christian Blanc, secrétaire d’Etat à la région Capitale, réfléchit, semble-t-il, à la création d’un pôle autour du Bourget. Il serait plus judicieux que Le Bourget, Dugny, voire Drancy, Le Blanc-Mesnil, et bien sûr Saint-Ouen viennent renforcer la communauté d’agglomération existante, plutôt que de créer une autre centralité, assez artificielle, qui pourrait avoir comme conséquence de casser la dynamique de Plaine Commune.
Quelle suite faudrait-il donner à la consultation sur le Grand Paris ?
Les dix équipes portent sur la ville un regard vraiment pluriel. Leurs propositions sont très riches. L’exposition que la Cité de l’architecture et du patrimoine leur consacrera à partir de la fin avril ne doit pas être la fin mais le début d’une histoire. Il faudrait créer les conditions pour que les échanges entre les équipes, les élus, mais aussi les citoyens puissent se poursuivre. On pourrait aussi retenir quelques propositions force et demander aux architectes de les approfondir dans le cadre d’une seconde mission.
Le 16 janvier, vous avez aussi évoqué la gouvernance de la métropole parisienne…
Concernant la gouvernance, il faut inventer quelque chose d’innovant, d’inédit. Il faut aussi se donner le temps, et notamment le temps démocratique, pour mettre ces questions en débat. Prendre du temps, ce n’est pas reporter les décisions à 2015 ou 2020, mais se donner jusqu’à la fin de l’année pour tout peser en termes d’objectifs, de contenu et de propositions de gouvernance, puis commencer à mettre en œuvre le scénario retenu en 2010.
Quel scénario défendez-vous ?
Je suis assez favorable à la reconnaissance, dans la zone la plus dense, de sept ou huit grands pôles de centralité, y compris Paris, fédérés par une structure représentative qui prendrait les décisions relatives aux quatre enjeux principaux que sont le développement économique, l’aménagement, le logement et les transports.
Les décisions prises, dans le sens de l’intérêt général, permettraient de surmonter l’obstacle des égoïsmes locaux. Sans rajouter grand-chose au millefeuille institutionnel, on pourrait parvenir à une organisation tout à fait efficace s’appuyant sur les dynamiques territoriales.
Contrairement au discours populiste en train de se développer, le millefeuille institutionnel n’est pas responsable des difficultés rencontrées.
Avez-vous été auditionné par la commission Balladur ?
Non, mais j’ai demandé à l’être. De même, le secrétariat de Paris Métropole a fait partir une demande d’audition. Les rumeurs selon lesquelles la commission Balladur pourrait préconiser le scénario proposé par Philippe Dallier – fusion de Paris avec les trois départements de petite couronne – sont inquiétantes. Ce choix serait en contradiction totale avec le travail déjà fourni par les architectes, qui tend à démontrer que cette solution n’est pas la bonne. Ne cassons pas les dynamiques que ces équipes, au travers de leurs réflexions, ont commencé à créer.