La fibre de l’entrepreneur a emporté l’adhésion de Matthieu Deperraz, au moment de céder Setex, l’entreprise d’espaces verts qu’il a dirigée pendant les 16 dernières années dans la région de Genève. « Parmi plusieurs offres, j’ai choisi celle qui m’a inspiré confiance pour maintenir la qualité et le haut de gamme. Même s’il n’est pas propriétaire, j’ai senti chez Eric Bouichet, président de Pinson Paysage, l’homme de chantier, habitué à la complexité des réalisations », confie le cédant.
Success story genevoise
Après l’avoir sauvée de la faillite lorsqu’il en a pris les rênes en 2006 à l’âge de 28 ans, Matthieu Deperraz a triplé la taille de Setex qui compte aujourd’hui 25 salariés pour un peu moins de quatre millions d’euros de chiffre d’affaires. Une clientèle de promoteurs et de propriétaires privés lui garantit la plupart des marchés d’entretien des jardins, dans la foulée de leur création.
Ces mêmes donneurs d’ordre s’adressent à Matthieu Deperraz pour les aménagements extérieurs de leurs résidences en Haute-Savoie, où l’entrepreneur suisse a créé une entreprise tricolore et sœur de Setex. Après la cession, l’entité française conserve 10 % de la filiale suisse de Pinson Paysage. Alors qu’il n’avait pas anticipé de rebondir dans cette dernière, Matthieu Deperraz y trouve un nouvel élan.
Changement de taille
« La reprise permettra à Setex de réaliser les investissements qui faciliteront le franchissement d’un nouveau cap », anticipe Eric Bouichet, fort de l’expérience accumulée depuis le rachat de Pinson Paysage par le fonds d’investissement MBO & Co, successeur du Facility manager Atalyan depuis la fin 2019. En deux ans, neuf acquisitions hissent le chiffre d’affaires à 140 millions d’euros au lieu de 80 en 2019, avec 1300 salariés au lieu de 750.
Suite à ce changement de taille, le groupe basé à Andilly (Val d’Oise) a ravi la seconde place longtemps occupée par Terideal, sur le podium français des travaux paysagers toujours surplombé par ID Verde.
Nouvelles compétences
Avec ces acquisitions, Pinson Paysage acquiert de nouvelles compétences qu’il diffuse progressivement dans ses filiales : ainsi, la reprise d’Edelweiss, à Angers, a familiarisé le groupe avec l’écopâturage. Grâce à trois bergers et 1200 moutons, cette activité essaime actuellement depuis les Pays-de-Loire vers la Normandie.
De même, l’acquisition de Botanica a donné à Pinson Paysage une stature nationale dans le domaine de l’arrosage où le groupe ne jouait jusqu’ici qu’un rôle marginal avec 100 000 euros de chiffre d’affaires, au lieu de 5 millions aujourd’hui.
Etendard à Poissy
Aux nouvelles compétences et à la densification du réseau, Pinson Paysage ajoute son atout historique : l’équipe des grands travaux, une force d’intervention rapide capable de réaliser des chantiers hors normes en tout point de l’hexagone, comme elle l’a prouvée à deux reprises à Marseille sur la végétalisation de La Marseillaise et de l’immeuble La Calanque, deux opérations signées par Jean Nouvel.
Pour l’heure, deux chantiers enrichissent la collection de références emblématiques : un marché de 10 millions d’euros pour le campus du Paris Saint-Germain à Poissy et le Center parcs de Bordeaux.
Attractivité suisse
La logique de mutualisation des compétences et de diversification des marchés va-t-elle se confirmer en Suisse ? Pour l’heure, la consolidation constitue la priorité de Matthieu Deperraz, sur un marché helvétique disputé depuis peu par le major français du paysage ID Verde. Cet objectif passe par une nouvelle acquisition, que Pinson Paysage et sa filiale Setex espèrent concrétiser avant la fin de cette année.