Photovoltaïque : un plan pour un déploiement tout-terrain des panneaux français

Lors d'un déplacement dans les Alpes-de-Haute-Provence, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, ont annoncé de nouvelles mesures de soutien au déploiement et à l’industrialisation du photovoltaïque en France.

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Bruno Le Maire sur le parc photovoltaïque EDF de Manosque, le 5 avril.

Le déplacement à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et du ministre de l'Industrie et de l'Energie, Roland Lescure, sur le thème du photovoltaïque, a été l'occasion d'une grande première : « C’est la première fois que je m’exprime sur le photovoltaïque depuis que je suis en charge de l’énergie », a ainsi rappelé Bruno Le Maire.

Qui a prêché la bonne parole du solaire avec la foi d'un converti : « Soyons lucides : si nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2050, nous ne pouvons pas attendre d’avoir modernisé notre parc nucléaire existant ou d’avoir construit de nouveaux réacteurs. J’ai beau être un grand soutien de la filière nucléaire, je suis convaincu que nous devons utiliser toutes les ressources bas carbone à notre disposition : éolien, biogaz, biocarburant, géothermie, hydroélectricité et, bien sûr, énergie solaire. »

En marche vers l’industrialisation

Pour preuve de cet engagement, les ministres avaient décidé de ne pas venir les mains vides. Ils ont ainsi annoncé de nouvelles mesures de soutien au déploiement et à l’industrialisation du photovoltaïque en France. Avec un objectif en tête : 75GW à 100GW d'énergie solaire d’ici 2035.

Alors qu'aujourd’hui la puissance installée est de 19,3 GW - « dont 50% sont produits dans trois régions : Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Rhône-Alpes », a rappelé Bruno Le Maire - le rythme annuel devra être porté à 6 GW de capacités supplémentaires, « c’est-à-dire le double de ce que nous faisons aujourd’hui ».

1,3 GW de nouvelles capacités photovoltaïques de puissance importante depuis le début de l’année

-  90 projets représentant une puissance cumulée de 362MWc ont été lauréats de la sixième période de l’appel d’offres portant sur le soutien des installations photovoltaïques sur bâtiments et parking, avec un tarif moyen de 102,10€/MWh.

- 92 projets représentant une puissance cumulée de 911,53MWc ont été lauréats de la cinquième période de l’appel d’offres portant sur le soutien des installations photovoltaïques au sol, avec un tarif moyen de 81,9€/MWh.

Pour cela, le gouvernement a choisi de mobiliser du nouveau foncier et de soutenir l'industrialisation.

Des terrains et des usines pour les panneaux

Première cible pour de nouveaux déploiements : l'agrivoltaïsme. La publication du premier texte d’application relatif au développement de la filière est prévue le 6 avril au Journal officiel.

Le texte précise notamment les « conditions d’implantation pour les projets photovoltaïques sur terrains agricoles, naturels ou forestiers, sur des zones qui seront recensées dans des documents cadre départementaux, notamment les carrières, friches industrielles, délaissés routiers, fluvial et portuaire, anciens aérodromes ». 

Les délaissés routiers feront d'ailleurs l'objet d'un traitement spécifique. Ainsi, Les 11 directions Interdépartementales des Routes (DIR), accompagnées par le Cerema et la Direction Générale du Trésor ont identifié sur leurs réseaux les aires de repos et échangeurs routiers ayant un potentiel de couverture par des panneaux photovoltaïques. Les DIR vont publier courant 2024 des Appels à Manifestations d’Intérêt (AMI) auprès d’entreprises intéressées par la mise à disposition du foncier à solariser.

La procédure de mise en concurrence qui s’ensuivra permettra de sélectionner un développeur-opérateur qui installera et exploitera des installations photovoltaïques au sol ou sur ombrières de parkings. Pendant la durée de la convention d’occupation du domaine public, l’entreprise lauréate paiera au propriétaire public une redevance constituée d’une part fixe et d’une part variable fonction du chiffre d’affaires généré par la vente d’électricité.

L'autre volet d'actions présenté par Bruno Le Maire et Roland Lescure concerne  la filière industrielle.

« Acheter l’équivalent de 100 GW de panneaux solaires représente 20 Mds€ d’investissements. A-t-on envie que cet argent arrive dans les poches de nos partenaires étrangers ? Je préfère que ces 20 Mds€ servent à ouvrir des usines et à créer des emplois bien rémunérés pour nos compatriotes. Nous devons donc produire des panneaux photovoltaïques sur notre territoire », a lancé Bruno Le Maire qui ambitionne de produire en France, d’ici 2030, « 40% des panneaux photovoltaïques que nous utilisons ». « C’est l’objectif fixé au niveau européen dans le Net Zero Industry Act », a-t-il rappelé. 

Les 29 signataires à ce jour

Apex Energies, Enerplan, Sun’R, CSF NSE, PowR Group, TSE, Baywa r.e. France, SNCF ENR, CEA-liten, Tenergie, Orion Energies, Holosolis, DualSun, SER, InnoEnergy, Technique solaire, Boralex, Oscaro Power, Tenergie, Lidl France, Afilog, Carbon, TSE, IPVF, Neoen, MyLight 150, Dalkia, Smart Energy, Terre et Lac Solaire.

Pour cela, le gouvernement continue à soutenir les nouveaux projets de gigafactories de Carbon et d’HoloSolis, notamment avec le crédit d’impôt industrie verte. « Ils représentent 2,2Mds€ d’investissements totaux et 4600 emplois potentiels à Fos et Hambach », ont rappelé les ministres.

Rien de tel également qu'un petit appel au patriotisme économique : « J’appelle les grands donneurs d’ordres, énergéticiens ou développeurs de champs solaires, à s’engager dans le "Pacte solaire", lancé par Roland Lescure, pour recourir massivement aux panneaux made in France. Nous avons déjà reçu 29 engagements de signature du pacte de la part de développeurs ENR, de la SNCF, de Lidl. L’objectif est simple : s’engager à installer en France des panneaux made in France ».

Concurrence équitable

Pour les aider à y parvenir, le gouvernement s'engage à garantir une concurrence équitable entre les panneaux solaires fabriqués en France et ceux fabriqués à l’étranger en : renforçant dès l'été le critère carbone dans les appels d’offres sur le PV bâtiment, afin de favoriser les critères de production les plus respectueux de l’environnement et d’éviter les contournements ; en intégrant une prime pour les panneaux bas carbone dans le nouveau guichet tarifaire pour le petit PV au sol (critère qui pourra ensuite être étendu à tous les dispositifs de soutien public à l’énergie solaire) ; en mettant en oeuvre d’ici fin 2025 les critères de résilience obtenus dans la négociation du NZIA, afin que le déploiement des panneaux solaires ne repose pas sur un seul pays d’origine.

Les producteurs de panneaux solaires français eux, sont invités à s'unir au sein d’un groupement qui portera leurs intérêts, le Groupement des Industriels Français de l’énergie photovoltaïque (GIFEP).

Avec un double objectif : bâtir une filière industrielle solidaire équipant les parcs de panneaux européens et français, pour produire 3 à 5 GW sur la chaîne de valeur du silicium, 5 à 10 GW de lingots & wafers, 5 à 10 GW de cellules, 3 à 5 GW de verre solaire et 3 GW d’onduleurs ; et donner de la visibilité et dérisquer les projets de gigafactories en veillant à ce que les énergéticiens et autres grands acheteurs garantissent dès 2025 des débouchés aux usines de panneaux solaires français.

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